Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Corée - 2008 - Sang-ki Lee
Titres alternatifs : Mubangbi-dosi
Interprètes : Kim Myung-Min, Ye-jin Son, Gi-seok Do

asian-scans

Open City

Polar coréen, OPEN CITY accumule de nombreux clichés au travers d’une intrigue pas vraiment originale.
Le métrage confronte Kim Myung-Min, jouant le policier obstiné Jo Dae-yung, à la belle allumeuse Ye-jin Son qui joue Baek Jang-mi, laquelle s’avère membre d’un gang de pickpocket. Le flic rencontre une nuit la voleuse alors que cette dernière est agressée par une bande rivale. Il s’interpose et entame une relation avec la demoiselle.

OPEN CITY se concentre essentiellement sur la tension sexuelle palpable entre les deux protagonistes principaux, une constante du film noir revisité avec brio par des métrages comme BASIC INSTINCT ou même LE DALHIA NOIR. Malheureusement, cette production coréenne se montre très frileuse et ne communique aucun érotisme, la faute en revenant probablement à la sévère censure sévissant là-bas et qu’on pourrait résumer par « Pas de sexe, malheureux, nous sommes coréens ! ». D’où, sans doute, l’explication de cette appellation de pays du matin calme désignant ce payx.

Si OPEN CITY ne se montre pas particulièrement mauvais, il condense cependant la plupart des effets de style dont nous abreuve le cinéma coréen depuis une bonne dizaine d’années. Les scènes de vols commises par les pickpockets usent ainsi d’un montage nerveux et d’un côté très tape à l’œil, la mise en scène « vidéo clip » tentant de palier au manque d’enjeu de ces séquences, à vrai dire peu intéressantes. En plus de cette guerre des gans, le scénario joue évidemment la carte du pathos et déroule les habituels secrets de famille à grand renforts de moments mélodramatiques assénés, comme souvent, avec une lourdeur assez pénible.
Autre élément indispensable à tout thriller coréen qui se respecte, la violence se montre brutale, sanglante et relativement bien chorégraphiée, le cinéaste nous offrant des affrontements en pleine rue, soit à coup de couteau, soit à main nues. Des combats brefs mais efficaces auxquels s’ajoute une pincée de sadisme via quelques tortures originales, comme l’utilisation d’un pistolet à clous pour châtier les pickpockets trop gourmands.
Si la première moitié d’OPEN CITY se laisse voir sans passion mais sans déplaisir, la seconde se révèle, elle, assez pénible. Le cinéaste essaye d’élever le sujet en plongeant joyeusement dans les révélations successives jusqu’au petit twist final quelque peu prévisible et assez mal amené. Les nombreux flashbacks, filmés dans tes teintes sépia se voulant artistiques, n’apportent finalement pas grand-chose à ce petit jeu du chat et de la souris menés par des gendarmes beaux gosses et des voleurs en tenue sexy.
OPEN CITY se termine par un climax mouvementé sous une pluie battante, lieu commun déjà complètement éculé du thriller coréen qui donne néanmoins lieu à quelques bagarres sèches et à de belles poussées d’adrénaline. Pas de quoi revenir sur sa première impression mais au moins tout cela permet de réveiller un spectateur gagné par l’assoupissement. La conclusion, pour sa part, s’avère très décevante et l’explication finale peine à convaincre en jouant, une fois de plus, la carte du larmoyant à outrance.
Réalisation très standard, OPEN CITY constitue donc un petit polar riche en clichés mais pauvre en véritable suspense, en action ou en potentiel érotique. Les inconditionnels du genre ou les fanatiques du cinéma coréen peuvent y jeter un œil mais OPEN CITY ne propose rien de suffisamment intéressant pour se montrer passionnant et l’ennui domine donc durant les deux (longues) heures de projection.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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