Opération Oiseau Noir/Requiem pour Mazepa

Un texte signé Patryck Ficini

France/Etats-Unis - 2011/2012 - Don Pendleton, Alain Chartier, Daniel Fournier
Titres alternatifs : Border offensive

« Lorsque la Mafia avait provoqué la mort de la mère, du père et de la soeur de Mack Bolan, elle ignorait une chose : au Vietnam, ses copains avaient surnommé Mack Bolan, le tireur d’élite, L’Exécuteur.
La vengeance de Bolan était simple et féroce : Tuer. Tuer. Tuer.
Il dévalisa une armurerie, déroba une carabine Marlin 444. Et seulement habité de sa haine, il commença sa croisade meurtrière. Alors les portes de l’enfer s’ouvrirent… »

Ces lignes ultra célèbres pour l’amateur de roman de gare franco-américain qui désoude présentaient la série L’EXECUTEUR à son arrivée en France sous la tutelle de Gérard de Villiers, en 1974, cinq ans après son lancement aux U.S.A. GUERRE A LA MAFIA valait les deux heures passées à sa lecture et sa qualité explique bien le succès de l’entreprise.
Outre le fait qu’elle a lancé un genre (en Amérique on parle d’action/adventure ; en France on pourrait préférer le terme d’auto-justice ) et donné naissance à des tonnes de séries comme LE MARCHAND DE MORT, THE PENETRATOR (MARK HARDIN), voire L’IMPLACABLE et LE SURVIVANT, cette série de Don Pendleton a aussi inspiré des personnages comme le Paul Kersey du JUSTICIER DANS LA VILLE ou LE PUNISHER en personne.
Plus de 300 numéros, écrits par des américains et par des français, des spin-off (aux U.S.A mais aussi en France avec l’excellente série KIRA B.), une tentative avortée d’en faire un film avec Stallone à la grande époque de la Cannon, voilà L’EXECUTEUR. C’est aussi l’une de ces séries de gare que les amateurs de polars lisent un peu honteux, comme les S.A.S, tant leur réputation est mauvaise. A tort ! Il faut simplement prendre une série pareille pour ce qu’elle est sans en attendre des miracles : des romans bourrins, décérébrés, virils et d’une violence totalement décomplexée. Et, souvent, totalement efficaces dans la satisfaction des attentes de son public. Laissons Gabriel Veraldi, dans LE ROMAN D’ESPIONNAGE, parler de « sous-littérature nécrophile » (P. 101) et employons son néologisme de « nécrographie » sans y mettre un quelconque accent péjoratif.
Le N°308 propose deux romans :OPERATION OISEAU NOIR, inédit traduit par Alain Chartier dans un style assez discutable (les combats sont souvent confus), une sorte de western à base de trafiquants de chair humaine et de terroristes qui évoque un peu, pour le contexte seulement esquissé ici, CHICANOS, avec Charles Bronson, DE LA CHAIR A CANON (un PENETRATOR) ou même LA HORDE DES SALOPARDS pour le sort peu enviable des immigrés clandestins dès qu’ils ne sont plus utiles aux trafiquants. L’un des méchants s’appelle Django ( !), son frère psychopathe, une sorte de Lennie (des SOURIS ET DES HOMMES) en plus méchant, torture des femmes pour faire apparaître l’oiseau noir du titre à la grande stupeur d’un mercenaire arabe borgne. Pas mal, les méchants dans cet EXECUTEUR . Mais moins bien quand même que dans le tarantinesque REQUIEM POUR MAZEPA, réédition certainement écrite (= adaptée !) par un certain Daniel Fournier. Là, c’est la grande classe : Mack Bolan débarque en Suisse pour lutter contre une tripotée de tueurs à gages bien caractérisés, comme cette ex-mannequin qui déteste les hommes ou cet ex-flic longtemps incorruptible passé du mauvais côté de la barrière. Leurs dialogues sont amusants, on pense à PULP FICTION, en nettement moins prétentieux quand même (Tarantino est cité à travers UNGLORIOUS BASTARDS). Prêts à suivre leurs victimes jusque dans une boîte à partouze, ils massacrent un max pour le compte de Mazepa, un mafieux encore plus drôle (il faut l’entendre menacer de torturer un type en disant qu’il déteste ça !). Pendant ce temps, l’Exécuteur se repose dans un hôtel 4 étoiles sans rien faire pendant toute une partie du roman. Par contre quand il se réveille après le massacre intégral de toute une famille (même le chien y passe), les jours des tueurs sont vite comptés. Et c’est reparti pour le classique roman de guerre urbaine auquel ressemble souvent une aventure de l’Exécuteur, un polar décidément atypique, aussi répétitif soit-il. A consommer avec modération, donc, mais à consommer quand même ! Autant qu’une production Cannon avec Bronson ou Norris.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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