BIFFF 2010review

Outcast

Entre la relecture horrifique de « Roméo & Juliette » et le pur fantastique, le long-métrage de Colm McCarthy développe une intrigue relativement originale mixant les éléments sociaux avec une mythologie intéressante rarement illustrée au cinéma.
Mary et son fils, Fergal, vivent une existence en marge, fuyant perpétuellement de mystérieux poursuivants. Mary, en réalité une sorcière, décide pourtant d’en finir avec cette errance et de s’établir dans un quartier pauvre d’Edimbourg, disposant des runes celtiques dans leur modeste appartement pour empêcher toute personne leur voulant du mal de les retrouver. Mais l’un de leur poursuivant le plus acharné, Cathal, refuse de laisser tomber et requiert l’aide d’un mystérieux « maître » pour localiser Mary et Fergal. Utilisant la magie la plus noire, Cathal se rapproche dangereusement de ses proies tandis que Fergal tombe amoureux de sa charmante voisine Petronella, laquelle s’occupe seule de son frère handicapé mental. Pour compliquer davantage la situation, une « bête » inconnue commence à s’en prendre aux habitants d’Edimbourg.
OUTCAST confronte habilement deux mondes diamétralement opposés, celui des quartiers pauvres écossais, sombres et froids, et celui des anciennes croyances celtiques, obéissant à des lois mystérieuses que le cinéaste laisse intelligemment dans l’ombre, cultivant un climat intrigant des plus efficaces. Les relations entre les protagonistes restent, elles aussi, plutôt obscures, McCarthy se refusant à tout expliquer ou tout révéler ce qui est plutôt une bonne initiative permettant au métrage de garder son mystère.
Le scénario va suivre différents personnages et leur donnait une certaine épaisseur, présentant tour à tour l’adolescent Fergal vivant ses premiers émois amoureux, la mère sorcière Mary veillant jalousement sur son fils, la dévoué Petronella tentant de s’occuper de son frère handicapé et, enfin, le redoutable chasseur Cathal. D’autres protagonistes secondaires interviendront encore, que ce soit un étrange « maitre » en sorcellerie ou une bande de petits voyous d’Edimbourg. Sans oublier une « bête » sanguinaire dont l’identité, avouons le, ne surprendra pratiquement personne, qui confére au métrage un petit côté LA FELINE pas désagréable. Le look de la créature est d’ailleurs très particuliers mais les effets spéciaux sont convaincants et changent des monstres entièrement en images de synthèse en combinant différentes techniques, dont l’antique cascadeur dans un costume en latex.
Colm McCarthy, jusqu’ici cantonné aux séries télévisées, se tire adroitement de sa première mise en scène pour le grand écran, mettant en images les rituels celtiques de magie noire, un thème quasiment vierge au cinéma. Néanmoins, si certains rites impressionnent, la pauvreté de la réalisation reste préjudiciable, le réalisateur optant pour un visuel très dépouillé et froid, aux mouvements de caméra parfois erratiques qui confèrent à OUTCAST un style entre le cinéma social d’auteur et le téléfilm. Ce choix, discutable, renforce le réalisme de l’intrigue mais le manque de flamboyance en limite hélas quelques peu les ambitions.
Au rayon du casting, James Nesbitt (BLOODY SUNDAY, MATCH POINT) se montre très impressionnant dans le rôle du « chasseur » Cathal, opposé à Kate Dickie, tout aussi crédible dans son interprétation d’une sorcière n’hésitant pas à lancer une terrible malédiction sur une femme menaçant sa « cachette ».
En dépit de certains choix pas vraiment pertinents, de quelques trous dans le scénario et de séquences répétitives, OUTCAST reste original dans son propos et prend son temps pour installer une atmosphère envoutante et prenante. L’ensemble ne plaira sans doute pas à tout le monde mais mérite cependant une vision curieuse pour les amateurs d’un fantastique plus posé et nuancé. Intéressant à défaut de convaincre complètement, OUTCAST s’avère toutefois une surprise plutôt agréable et un divertissement horrifique de bonne tenue.

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