Ouvert 24/7

Un texte signé Éric Peretti

France - 2009 - Thierry Paya
Interprètes : Maud Galet-Lalande, Stéphanie Kern Siebering, Morgane Housset, Marie-Pierre Vincent, Amélie Christophe, Fabrice Colombero, Bertrand Patrzek, Alix Bénézech, Patrick Pandolfino, Émilie Brunner, Lloyd Kaufman

Parfait habitacle pour des récits ne pouvant s’étirer sur une longue durée, le film à sketchs, grâce à un fil conducteur souvent aussi roublard qu’astucieux, permet à ces petites histoires de s’enchaîner pour atteindre un format standard dont la diffusion est autrement plus importante que celle, très aléatoire et confidentielle, réservée aux seuls courts métrages. Très prisé dans le genre fantastique, ce type de production comporte bien évidemment ses ratés, mais compte aussi quelques grands classiques comme AU CŒUR DE LA NUIT, LES 3 VISAGES DE LA PEUR et CREEPSHOW. Le film de Thierry Paya ne déroge pas à la règle de ce sous-genre et prend pour cadre un relais routier où l’on s’échange des histoires devant une bonne bière ou une choucroute.
Question de Goût ouvre le bal avec son histoire de lesbiennes cannibales traquées par un flic qu’elles ont émasculé. Le couple est au bord de la rupture car la dominatrice et froide Élodie n’accorde que peu de considération à sa compagne Delphine, reléguée aux tâches ménagères ingrates. En effet, seule Élodie a le droit de s’amuser en aguichant les hommes qui finiront dans leur assiette. Mais Delphine en a assez du ton condescendant de sa compagne et décide de ne plus se laisser traiter comme une moins que rien… Bénéficiant de l’excellent savoir faire de David Scherrer en matière d’effets spéciaux gore, ce premier segment ne souffre d’aucune limite et se veut excessivement sanglant et trash… jusque dans l’érotisme.
Passé cette sympathique mise en bouche, s’offre à nous un Règlement de Contes bien onctueux dans un premier temps, mais dont la charge humoristique trop lourde finit par devenir plombante et reste sur l’estomac. On y suit une ogresse, incarnée avec brio par la géniale Marie-Pierre Vincent, à la recherche d’enfants pour apaiser sa faim. Surveillée de près par une gamine de son quartier plus alerte que ses camarades, la mégère carnivore doit également faire face à un tueur de vampires désemparé et un V.R.P. envahissant… Alternant le franchement drôle avec le désolant, jamais en rade de jeux de mots oscillants entre le génial et le navrant, ce deuxième sketch, qui mouline les contes de notre enfance sans vraiment réussir à en faire quelque chose, est à la fois le plus faible et le plus fou du métrage.
Enfin, Wenn’s in’d Stadt komme vient clôturer cette anthologie en y apportant une touche de poésie triste. Pourtant, le début du récit nous place face à un paysan zoophile qui après avoir assouvi ses besoins sur une poule, jette violemment le corps de cette dernière, débordant de sa semence, sur la table de la cuisine pour que ses filles puissent préparer le dîner. Ne pouvant plus supporter ce père abusif, les deux malheureuses l’étouffent et quittent la misérable ferme familiale pour se rendre dans la ville voisine dans l’espoir d’assister au concert de leur idole, la belle chanteuse Marina Moon. Mais elles n’ont pas assez d’argent pour se payer un billet… Fable cruelle et touchante, interprétée avec une justesse remarquable par des comédiennes très impliquées, cette triste histoire se démarque des deux précédentes par son refus de l’exagération à mesure que l’intrigue progresse.
Alors que ce troisième récit s’achève implacablement et que Lloyd Kaufman, le big boss de la firme Troma à laquelle cette production ne ferait nullement honte, fait une hilarante apparition, un dernier clin d’œil cinéphilique nous laisse enfin entrevoir que si le film se termine, le relais reste bien ouvert 24/7…
Bardé des bonnes intentions du scénario de Colin Vettier, pouvant compter sur un casting de comédiennes épatantes et courageuses à l’image de la déjà primée Morgane Housset, mais aussi Maud Galet-Lalande et Stéphanie Kern Siebering, et rendu attractif par la mise en scène inspirée de Thierry Paya, OUVERT 24/7 mérite largement que l’on passe outre son esthétique vidéo pas toujours heureuse, liée à un budget serré, pour s’en délecter à plusieurs devant une bonne bière… ou une choucroute.


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- Article rédigé par : Éric Peretti

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