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Pandemonium Follies

Jean-Pierre Favard, après un passage remarqué chez Lokomodo (notamment pour le gros thriller ésotérique L’ASCH MEZAREPH), nous revient à la Clef d’Argent avec le recueil PANDEMONIUM FOLLIES.
Pour la Clef d’Argent, Favard a déjà signé l’excellent (petit) roman SEX, DRUGS AND ROCK’N’DOLE et le recueil BELLE ET LA BETE, dont nous avions pu apprécier la grande diversité thématique.
PANDEMONIUM FOLLIES est dans la droite ligne des travaux précédents de Jean-Pierre Favard, ce qui signifie qu’on est constamment surpris par la variété des textes et des genres proposés ici. Polar déjanté, fantasy, horreur/fantastique, science-fiction… Il est difficile de parler globalement de ce travail car ces nouvelles ont peu de points communs, à part la grande qualité d’écriture. C’est une joie que de ne jamais savoir où l’on va, ce que l’on va trouver dans l’un des 10 récits de PANDEMONIUM FOLLIES. En même temps, on imagine qu’un recueil aussi hétérogène est peut-être difficile à vendre car nombre de lecteurs n’aiment les surprises que jusqu’à un certain point. Et les lecteurs de fantasy ne sont pas forcément des lecteurs d’horreur ou de polar, hélas…
Sur les 10 nouvelles du recueil, nous avons plus particulièrement aimé :
UN CADAVRE SUR LES BRAS, un très étonnant polar, qui narre les mésaventures d’un privé nommé Bogart ( !). L’homonyme déploie bien des efforts pour se débarrasser d’un encombrant cadavre… Ce que c’est d’aider les copains de beuverie, quand même ! Il y a quelque chose de glauque dans cette nouvelle noire mais pleine d’humour, un côté quasi nécrophile (au sens large) qui la rend doublement attachante.
DESOLATION est un bon récit de Dark Fantasy qui vaut principalement pour son couple de héros en marge. De la fantasy qui fait penser à Michael Moorcock. C’est intéressant, même si pas forcément aussi enthousiasmant que ça pourrait l’être. La faute à une explication finale de l’intrigue un peu décevante sans doute.
Avec ces jeunes à qui l‘on raconte une histoire de monstre du lac au coin d’un feu de bois, CAMPING SAUVAGE évoque autant un certain cinéma d’horreur américain que la collection Gore du Fleuve Noir (même titre d’ailleurs qu’un Gilles Bergal). C’est sanglant et réjouissant au second degré – ce qui est voulu comme le prouve le final ironique.
Avec le très bon 11 AOUT 1999, on touche cette fois à la vraie horreur pur jus, physique et psychologique, tendance zombies en liberté. Une fin du monde vraiment noire telle qu’elle aurait pu advenir si une certaine prophétie s’était révélée exacte… 11 AOUT 1999 est violente et sans concession. Très franchement, on aimerait que Jean-Pierre Favard écrive un roman de zombies tant il maîtrise la chose.
Evoquons, parmi les 6 autres nouvelles, LE TRUC, très romantique, WELCOME TO PUNKLAND qui rappelle que Favard est aussi l’auteur de SEX, DRUGS AND ROCK’N’DOLE, et WITCH INC qui multiplie les points de vue pour une sorte d’exercice de style assez réussi. Sans oublier LE PETIT LIVRE NOIR, qui séduira tous les bibliophiles et autres coureurs de vide-greniers et de bouquineries.
Au final, PANDEMONIUM FOLLIES est un bon recueil qui attirera le lecteur qui aime être étonné et dépaysé.

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