Petey Wheastraw

Un texte signé Philippe Mertens

USA - 1977 - Cliff Roquemore
Titres alternatifs : The Devil’s Son-In-Law
Interprètes : Rudy Ray Moore, Jimmy Lynch, Leroy Daniels

Petey Wheatstraw (Rudy Ray Moore) est comédien. Il est abattu devant l’église alors qu’il vient d’enterrer son frère. Ce dernier est mort au cours d’une rixe provoquée par des acteurs rivaux. Lou Cifer, qui passait par là, lui propose de le renvoyer sur terre moyennant une seule condition : épouser sa fille. Le hic, c’est que la fille est totalement repoussante et hideusement hideuse. Afin de faire passer la pilule, le diable lui propose également des supers-pouvoirs qui lui seront accessibles grâce à une canne magique. Petey, la mort dans l’âme, finit par accepter l’offre mais il a une idée derrière la tête : un plan machiavélique afin d’échapper à son destin. Hélas, celui-ci échoue lamentablement et le diable décide de se venger. Un affrontement entre Petey, armé de la canne magique, et Lou Cifer décide de l’avenir de notre comique. Petey en sort vainqueur mais le diable a plusieurs vies et notre comédien va rapidement en payer les conséquences.
L’humoriste Rudy Ray Moore est surtout connu pour ses blagues au-dessous de la ceinture qu’il diffusa au travers de nombreux vinyls dès la fin des années 50. Son sens du comique, limite vulgaire, lui vaudra de devoir attendre jusqu’en 1975 avant de tourner son premier film : Dolemite. Dans ce dernier, il reprend le personnage du proxénète haut en couleur qu’il avait déjà rôdé dans ses spectacles et interprété à de nombreuses reprises dans ses aventures discographiques (Return of dolemite, Dolemite for president).
Dolemite est un classique de la blaxploitation seventies mêlant l’humour, la musique funk, le kung-fu et les belles filles sexy pas farouches pour un sou et plutôt légèrement vêtues. Il reprendra à peu près la même recette dans son second film : The human tornado (en 1976) également connu sous le nom de Dolemite II. En 1980, il continue sur le mode de la blaxploitation mais abandonne son personnage fétiche pour interpréter un ex-flic tenancier de boîte de nuit dans son cinquième film : Disco Godfather. Aujourd’hui, à près de 70 ans, Rudy Ray Moore continue toujours à enregistrer des comedy albums. Il a en outre développé un site internet officiel plutôt bien foutu1 sur lequel on peut découvrir toutes les facettes de son talent. Jetez un coup d’œil sur les pochettes de ses disques, elles valent vraiment la peine dans le genre sexy 70’s bien aguicheur. Les titres de ses vinyls sont également révélateurs de son humour vulgaire et décapant : « This pussy belongs to me », « Eat more often » ou encore « Cockpit ». Et puis, il continue toujours à exploiter le filon Dolemite, témoin le titre d’un de ses derniers CD « 21st century Dolemite ».
La filmographie de Cliff Roquemore, le réalisateur, est intimement liée à celle de Rudy Ray Moore. Il n’a à son actif que trois films : Dolemite II, Petey Wheatstraw et Rude (1982)… Un spectacle de notre fameux comique.
Mais revenons au film qui nous intéresse dans cette critique : PETEY WHEATSTRAW. Il s’agit de son quatrième long métrage et il y poursuit une recette déjà éprouvée. Rudy Ray Moore reprend à quelques détails près, ce qui a fait le succès de Dolemite et le met à la sauce fantastique. On y retrouve donc une bonne dose de blaxploitation, du kung-fu (de piètre qualité), du cul et un humour parfois lourdingue et bien souvent vulgaire. Le manque de moyens pour réaliser le film est criant. Cependant, ce mélange n’engendre pas un infâme navet mais plutôt un film tout à fait honorable, avec pas mal de bons moments et qui se laisse regarder sans réel déplaisir. Les costards funky et les afros apportent une touche colorée qui capte l’œil. La musique jazz-funk typique des films de blaxploitation possède ses bons passages. Quelques scènes se détachent du lot, notamment l’enterrement de la vie de garçon de Petey pendant lequel Lou Cifer lui offre quelques splendides créatures, le temps d’un après-midi de jambes en l’air assez décapant. Dans l’ensemble, Petey est une comédie fauchée mais pas trop, un film qui délire un peu mais pas assez, qui n’ennuie pas vraiment mais qui ne passionne pas tant que ça non plus.
1 http://www.shockingimages.com/dolemite


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- Article rédigé par : Philippe Mertens

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