Pili

Un texte signé Sophie Schweitzer

Royaume-Unis, Tanzanie - 2017 - Leanne Welham
Interprètes : ello Rashid, Nkwabi Elias Ng'angasamala, Sesilia Florian Kilimila

Pili est une ouvrière agricole atteinte du SIDA. Depuis le départ de son mari dû à sa maladie, elle tente de joindre les deux bouts et d’élever ses deux enfants dans le petit village de Tanzanie où elle vit. Lorsque l’opportunité d’obtenir un petit commerce se présente à elle, Pili tente alors de souscrire à un crédit auprès des femmes du village qui tiennent la banque locale.

PILI est une fiction inspirée de l’histoire vraie de plusieurs femmes vivant en Tanzanie. Leanne Welham, la réalisatrice, est partie dans un petit village afin d’interroger plus de 80 femmes séropositives. Suite à ces témoignages recueillis, elle en a tiré le récit fictionnel de Pili aux inspirations très réelles. D’ailleurs, le casting est composé de ces femmes. Il n’y a qu’un seul acteur professionnel, le reste du casting est composé de personnes ordinaires. Cela donne d’ailleurs au film une touche réaliste supplémentaire qui n’est pas déplaisante.

Bruno Dumont ou encore Robert Bresson sont deux réalisateurs s’étant attachés à embaucher très peu d’acteurs professionnels. On retrouve un peu la même ambiance. Ce sont des morceaux de vie de vraies personnes. Il y a aussi le même attachement à la campagne, à la vie des petites gens qui la compose. Mais PILI est bien loin de l’atmosphère sombre, désespérée et brutale de FLANDRES ou encore de AU HASARD BALTAZAR.

Etant donné son sujet, Leanne Welham aurait pu donner dans le pathos, pourtant c’est tout le contraire. Le film est entouré d’une lumière douce, de couleurs vives et chaudes, et baigne dans le constant espoir que porte en elle l’héroïne. Bello Rashid qui campe Pili a un visage exprimant toute la réserve de cette femme, toute sa pudeur, mais aussi son espoir, son ambition.

Ce n’est pas un personnage de blanche colombe, ni celui d’une femme prête à tout, ambitieuse et cruelle, Pili est une femme ordinaire qui éprouve parfois la jalousie, l’envie, et d’autres fois, la tendresse. Comme en témoigne sa relation avec sa voisine qu’elle estime trop bavarde et rejette avant de se sentir coupable et de l’accueillir pour boire un thé et l’écouter en dépit des ragots qu’elle colporte.

Film vraiment touchant et intéressant par son sujet. En effet, on parle très peu des femmes atteintes par le SIDA en Afrique. La simple évocation de la maladie reste fortement taboue, là-bas comme ici, et il est d’autant plus difficile pour ces femmes de se soigner et de travailler avec la maladie qu’il leur faut éduquer leurs enfants et porter parfois seule la responsabilité économique de leur foyer.

Projeté au festival du film britannique, il a touché le public ayant décidé de lui donné un prix, ainsi que le Jury qui lui a fait une mention spéciale.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà


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