Festival du Film Britannique de Dinard 2018review

Pin Cushion

Mère célibataire, Lyn arrive dans une petite ville avec son adolescente de fille, Iona. La mère et la fille ont une relation très fusionnelle qui va rapidement se détériorer à mesure que l’adolescente désirant s’intégrer dans son nouveau lycée s’invente une vie où sa « meilleure amie » de mère n’a guère de place. Celle-ci rejetée par sa fille et peu acceptée par la communauté s’enferme dans le mutisme et la passivité, tentant d’ignorer tant bien que mal le harcèlement dont sa fille est victime.

Premier long métrage de Deborah Haywood, PIN CUSHION aborde la question très actuelle du harcèlement à l’école. Certains rebondissements du film lorgnant carrément du côté de 13 REASONS WHY puisque des photos compromettantes de Iona sont diffusées dans tout le lycée. Cela met en évidence le fait que la technologie d’aujourd’hui donne une dimension plus horrible au harcèlement que les adolescents peuvent subir de nos jours. Outre le harcèlement, le film parle également du rejet que peuvent subir certaines personnes dans la société, celles qu’on considère comme des « freaks ». Le harcèlement n’étant au fond qu’une étape dans ce rejet, qui à l’age adulte, prend la forme d’une totale invisibilité dont souffre justement la mère.

En effet, le personnage de Lyn incarnée par Joanna Scanlan, (NO OFFENSE, HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTY, IN THE LOOP) est une bossue totalement passive incapable d’affronter le regard souvent offensant voire insultant des gens autour d’elle. Lyn souffre d’une immense solitude qu’elle exprime à travers une scène très forte lorsqu’elle explique s’être habillée en prostituée en espérant se faire violer afin d’avoir un enfant et de ne plus être seule. C’est dommage cependant que le personnage de la mère se contente de toujours subir, et même lorsque sa fille devient la victime, qu’elle ne puisse pas agir.

Excessivement frustrant, le film dépeint des personnages qui subissent sans parvenir à lutter. En dépit des couleurs chaudes, d’une volonté d’insuffler à la mise en scène un esprit de conte de fée, y compris dans les décors et la lumière, la tragédie de ces deux femmes seules contre tous, subissant une haine gratuite donne au film une tonalité sombre et déprimante qui risque de jouer contre lui. En effet, le film donne au spectateur un sentiment d’étouffement vers le dernier tiers quand tout espoir d’une happy end disparaît.

La mise en scène est très soignée, les maquillages réussit, l’horreur du lycée bien retranscrite, la seule chose dommageable est le fait que la fantasy qui s’invite dans le récit a tendance à parfois masquer des maladresses de scénario. Même si elle donne lieu à une imagerie plutôt jolie et soignée, cette fantasy vient parfois donner le sentiment d’irréalité au récit qui risque de court-circuité le propos du film et la gravité que peu avoir ce harcèlement à long terme que ce soit physiquement ou psychologiquement.

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