Poker d’as pour Django

Un texte signé Jérôme Pottier

Itlalie, France - 1967 - Roberto Bianchi Montero
Interprètes : Maurice Poli, Jacques Herlin, Gérard Herter, Andrea Bosic, Gabriella Giorgelli, Tom Felleghy, Andrea Scotti

Né en 1907, soit quelques années après l’invention de la première caméra par les frères Lumière, Roberto Bianchi Montero était un homme à tout faire du cinéma populaire italien. Il a tourné jusqu’à sa mort en 1986 (L’AMORE E LA BESTIA). Il était un spécialiste de l’érotisme polisson. On lui doit toutefois quelques bobines plus sérieuses comme L’ŒIL DE L’ARAIGNEE en 1971, qui demeure un incunable pour tous les collectionneurs de VHS, et quelques westerns tel DURANGO ENCAISSE OU TUE (1971) ou, en 1967, POKER D’AS POUR DJANGO…

Un professeur souhaite assurer ses vieux jours. Il fait appel à deux desperados de la pire espèce ainsi qu’à une femme aux mœurs légères pour s’emparer d’un trésor entreposé au fort Henderson. Malheureusement pour lui, on ne pactise pas avec des « bandidos »…

POKER D’AS POUR DJANGO est un film de casse classique agrémenté de quelques fulgurances incongrues plutôt bienvenues. Ainsi un dingo va déposer du sable à la banque, un moine pistolero fait son apparition, un certain Colonel Blackgrave est un flingueur à la méthode plutôt singulière… d’autres bizarreries du même tonneau sont au programme.

Néanmoins, ces quelques éléments ne sauraient faire oublier un rythme trop lent. La première partie du métrage qui se situe avant le cambriolage est assez longue, malgré quelques bons moments, l’ennui guette. L’après-casse, plus riche en rebondissements, est malheureusement très prévisible. Heureusement, un final crépusculaire assez nihiliste rachète le tout.

Ce qui sauve vraiment ce film c’est son interprétation, Maurice Poli en tête. Il incarne, sous son nom d’emprunt « spécial exportation » Monty Greenwood, ce pseudo Django qui s’appelle Miele dans la version italienne et Honey sur les écrans anglais. POKER D’AS POUR DJANGO étant plus vendeur que POKER D’AS POUR MIEL, les distributeurs français ont choisi de modifier le nom du personnage principal (à moins que ce ne soit après avoir vu le DJANGO de Sergio Corbucci tournée l’année précédente… le mystère subsiste). Sa trogne ambiguë est parfaite pour cette composition. Ce prolifique acteur a tourné plus de 60 bobines dont quelques « blockbusters » comme LE JOUR LE PLUS LONG (une production du nabab Darryl F. Zanuck de 1962). Son interprétation la plus saisissante est, sans aucun doute, celle du Docteur dans l’extraordinaire polar de Mario Bava RABID DOGS (1974).
Le professeur n’est autre que l’inusable acteur français Jacques Herlin, 77 ans au compteur et qui tourne toujours en 2009. Véritable stakhanoviste du Bis avec presque 200 films à son palmarès, on peut l’apercevoir dans de nombreux seconds rôles mémorables tel celui de Perreau, l’ignoble personnage au réveille-matin de SHAFT IN AFRICA (John Guillermin-1973).
Le Colonel Blackgrave est joué par une légende du Bis, Gérard Herter. Acteur discret, il n’est présent que dans une trentaine de bobines, mais pas des moindres. On le retrouve dans CALTIKI LE MONSTRE IMMORTEL de Mario Bava et Riccardo Fredda (1959), COLORADO de Sergio Sollima (1966), JE VAIS-JE TIRE ET JE REVIENS d’Enzo G. Castellari (1967), ADIOS SABATA de Gianfranco Parolini (1971), assez fidèle en amitié, il a souvent tourné avec Bava et Fredda.
La belle Janet, l’élément féminin du trio, est campée par Gabriella Giorgelli, brune piquante plus connue pour son corps de rêve et son regard de braise que pour ses dons d’actrice. Ses formes atomiques ont nourri l’un des plus beaux fantasmes “pelliculés” de Frederico Fellini, LA CITE DES FEMMES (1980). Les amateurs de Bis ont pu l’apercevoir dans le giallo d’Umberto Lenzi intitulé LE TUEUR A L’ORCHIDEE (1972) et, plus récemment, dans LE MASQUE DE CIRE de Sergio Stivaletti (1997).

Ces acteurs hors-pairs associés au savoir-faire d’un vieux routier font que l’on passe un bon moment devant un western trop prude pour être totalement « all’italiana » ! Effectivement le film de Montero fait pâle figure par rapport aux autres westerns tournés cette année-là en Italie, on peut citer TIRE ENCORE SI TU PEUX de Giulio Questi, REQUIESCANT de Carlo Lizzani ou encore LA MORT ETAIT AU RENDEZ-VOUS de Giulio Petroni. Néanmoins, le metteur en scène tire son épingle d’un budget que l’on devine très léger, et puis, pour les beaux yeux de Gabriella Giorgelli qui fut si rarement mise en vedette, que ne ferait-on pas ?


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- Article rédigé par : Jérôme Pottier

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