Police Story

Un texte signé Jérôme Vincent

Le plus dangereux parrain de Hong Kong se prépare à effectuer une transaction. L’opération capote avec l’arrivée de la police. Le truand, nommé Tom Koo parvient à s’enfuir avec ses hommes. Comment ? En dévalant en voiture et à toute allure un village, situé à flanc de côteau d’une colline.
Sur leur passage, les véhicules détruisent tout, les baraquements explosent littéralement. Avec cette première séquence tonitruante, POLICE STORY s’impose d’emblée comme le film de destruction des années 80. C’est aussi le meilleur film de Jackie Chan. Cette intervention des policiers qui ouvre le film est pleine de cascades. On y voit Jackie Chan accrochant avec un parapluie un autobus fonçant à toute vitesse.
L’acteur cascadeur ne néglige pas pour autant l’humour malgré la fureur qui l’anime dans son enquête. La suite de POLICE STORY oblige Jackie Chan à protéger une jeune femme nommée Sélina. Son témoignage permettra de coincer Tom Koo. L’ami Chan ne manque alors aucune occasion de faire rire en utilisant des éléments propres au burlesque comme la tarte à la crème. Son humour est très premier degré, comme celui d’un enfant, mais jamais ridicule.
La meilleure scène du film est certainement le procès de Tom Koo (joué par Chu Yuen). Jackie désire faire écouter aux jurés une cassette qui permettrait de confondre le gangster par les preuves qu’elle contient. Au début, le silence est total, puis on entend une musique rock n’ roll qui se répercute dans la grande salle du tribunal. Toute l’assistance rit, Jackie panique un peu et explique au juge que le passage qui les intéresse se trouve un peu plus loin sur la bande. Des palabres de jeune fille émanent alors de la cassette. Un véritable quiproquo s’installe et Jackie Chan ne sait plus où donner de la tête. C’est très drôle.
Tom Koo est libéré. Il retrouve Sélina et la séquestre dans son quartier général. Grâce à Jackie, elle est délivrée, mais ce dernier se retrouve prisonnier du gang de Koo. Ils décident de le faire passer pour un criminel en tuant un de ses collègues qui s’était rangé de leur côté. Jackie est aussitôt inculpé. Cependant, il s’évade en prenant en otage le chef de la police. Après l’avoir relâché, Jackie contacte Sélina. Ils se donnent rendez-vous dans un grand centre commercial. Tom Koo et ses hommes les retrouvent : la célèbre bagarre du centre commercial a donc lieu.
Cette séquence, d’un quart d’heure non-stop, personne ne l’aurait osée. Elle repousse très loin les limites de la résistance humaine. Pour les fans de Jackie Chan, c’est la scène de référence de leur idole. Les cascadeurs tombent d’une hauteur de vingt mètres pour s’écraser contre des parois de bois. Jackie Chan frappe comme un fou ses adversaires. Les pauvres diables tournoient dans les airs, brisent des vitres dans leur chute. Et personne ne bénéficie de doublure, Bridget Lin est projeté dans les rayons en verre du centre commercial. Les souffrances que l’on voit sur le visage des acteurs sont bien réelles.
Dans le rôle de la petite amie du héros, Maggie Cheung est épatante. Cette actrice est l’une des plus talentueuses de Hong Kong. Elle alterne les films d’action et les films d’auteur. Elle a même tourné avec un réalisateur français il n’y pas si longtemps.
POLICE STORY fut l’un des premiers films (avec la série des MAD MISSION) à imposer les cascades automobiles. Le schéma narratif des films de Kung-Fu n’existe plus, tout comme l’esprit Kung-Fu Shaolin qui se dégageait des bagarres. Jackie Chan l’avait bien dit lors de son passage à l’émission Nulle Part Ailleurs : les films de Kung-Fu ont laissé la place à des films d’action modernes. C’est un renouveau total du genre.