Pretty Peaches

Un texte signé Philippe Chouvel

Etats-Unis - 1978 - Alex de Renzy
Interprètes : Desiree Cousteau, John Leslie, Joey Silvera, Paul Thomas, Juliet Anderson, Liza Dwyer

Peaches est une ravissante idiote qui, au volant de sa jeep, part à Virginia City pour assister au mariage de son père avec sa nouvelle épouse. En chemin, elle croise deux types dans une station service qui ne manquent pas de la reluquer. Après la cérémonie, la jeune femme part précipitamment, au grand dam de son paternel. Peaches perd le contrôle de son véhicule et s’évanouit. Le duo de la station service, tombé en panne à proximité, trouve la fille inconsciente, et l’un des deux abuse d’elle. Peaches retrouve finalement ses esprits, mais l’accident l’a rendu amnésique. Pour les deux hommes, avoir sous la main une fille canon, qui en plus d’être nunuche a perdu la mémoire, est une véritable aubaine. Ils décident de l’emmener à San Francisco, lui promettant de la guérir de son amnésie. Mais en réalité, ils comptent bien profiter de la situation, et se faire de l’argent sur le dos de l’infortunée Peaches…
1978 marque l’arrivée de Desiree Cousteau dans l’univers du X américain. Agée de vingt deux ans, son physique atypique (ronde, pulpeuse) et son tempérament de nymphomane naïve, pas très futée, jouant la cruche à la perfection, va très vite la conduire à rejoindre les grandes vedettes du circuit pornographique US. « PRETTY PEACHES » est le film qui la propulse véritablement au rang de star, grâce à Alex de Renzy qui aura su bâtir un scénario autour de la personnalité marquée de l’actrice. A la fois sotte et candide, le réalisateur en rajoute une couche en rendant son héroïne amnésique, ce qui va l’entraîner dans de folles aventures tournant évidemment, et invariablement, autour du sexe. Peaches, au cours de ses pérégrinations, va se faire duper par la plupart des gens qu’elle va rencontrer (les hommes comme les femmes), et se retrouvera dans des situations invraisemblables. Peaches, victime de sa beauté et de sa sottise, se fait abuser autant moralement que physiquement, que ce soit par un faux producteur la livrant à une cohorte de lesbiennes déchaînées, ou à des médecins bidons soucieux d’assouvir leurs phantasmes les plus débridés.
Alex de Renzy, qui aimait pratiquer l’ironie et la dérision, conclut l’odyssée de Peaches lors d’une orgie dans laquelle une douzaine de protagonistes s’ébattent sur un lit, le corps entièrement huilé. C’est là qu’elle reconnaît finalement son père et retrouve ainsi la mémoire. Une scène parfaitement immorale et pourtant irrésistiblement drôle, qui vaut d’ailleurs l’une des meilleures répliques du film, par l’intermédiaire du père (le toujours impeccable John Leslie) s’exclamant : « Peaches, pour l’amour du ciel, ôte tes fesses de ma bouche ».
Si les Américains ont des tabous dans le cinéma X, l’inceste ne les a jamais effrayés, par contre, le meilleur exemple restant l’incroyable saga des « TABOO », initiée en 1980 avec la fabuleuse Kay Parker ; un film qui connaîtra pas moins de vingt deux séquelles, suite à son succès.
En dehors de la fameuse partouze sur le lit, très réussie et d’un puissant potentiel érotique, « PRETTY PEACHES » est avant tout connu pour l’anthologique scène de lavement au cours de laquelle un fou furieux introduit un tuyau d’arrosage dans le fondement de Desiree Cousteau. La scène, réalisée sans trucage, voit ensuite l’actrice expulser une quantité d’eau phénoménale, ayant pour effet de faire tomber à la renverse son « bourreau ». Pour un peu, on se croirait dans une version trash de « HISTOIRES SANS PAROLES ». Sans ce passage inoubliable, il est fort possible que le film ne brillerait pas de la même aura, et n’aurait pas une aussi grande réputation. Car il faut bien reconnaître qu’une bonne partie de cette œuvre n’atteint pas l’intensité des deux scènes mentionnées, loin s’en faut. Et ce malgré la présence d’acteurs confirmés comme Joey Silvera, Paul Thomas, John Leslie ou Juliet Anderson.
On peut considérer « PRETTY PEACHES » comme un bon hard de l’époque, mais pas un X majeur. En tout cas, il reste moins abouti par rapport à d’autres films d’Alex de Renzy, parmi lesquels « FEMMES DE SADE », « BABY FACE » et « LES MAITRES DU PLAISIR », que l’ont peut ériger quant à eux au rang de classiques.
Quant à Desiree Cousteau, elle aura l’occasion de participer à quelques réussites du hard américain au cours de sa carrière, comme « GETTING OFF » ou « RANDY LA FILLE SURVOLTEE ». Malheureusement, son caractère instable et ses réactions imprévisibles nuiront à son entourage, et les portes se fermeront progressivement. Le côté attachant qu’elle dégageait à travers ses films n’était apparemment pas le reflet de la réalité, et bon nombre d’acteurs pornos gardent d’elle un souvenir plutôt amer. Quoiqu’il en soit, elle ne figurera pas dans « PRETTY PEACHES 2 », tourné par le même Alex de Renzy en 1987, et c’est Siobhan Hunter qui reprendra le rôle titre. Mais ceci est une autre histoire.
Ah, une dernière chose, si « peach » veut bien entendu dire « pêche » en anglais, c’est aussi un terme pour désigner une jolie femme.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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