review

Prey

Curieuse filmographie que celle de Darrell James Roodt. En effet, depuis un quart de siècle, ce réalisateur sud-africain qui se partage entre son pays d’origine et l’Amérique du nord, alterne drames sur l’apartheid et films de série dans le plus pur style B décomplexé. En effet, auteur de SARAFINA ! (1992, avec Whoopy Goldberg), il enchaîne l’année suivante avec un TO THE DEATH mettant en scène Michel Qissi, le copain costaud de Jean-Claude Van Damme. Bref, partagé entre films à thèse et films de purs divertissements, Darrell James Roodt revient avec PREY, un survival animalier tourné sur ses terres avec un casting américain, comprenant principalement Peter Weller ( remis en selle par la saison 5 de 24 HEURES CHRONO et qui ressemble de plus en plus à un Schwarzenegger fondu) et Bridget Moynahan, remarquée dans I, ROBOT et LORD OF WAR.
Tom Newman, père de famille récemment remarié, profite d’une mission professionnelle en Afrique du Sud pour y emmener toute sa petite smala. Tandis qu’il part travailler, la toute nouvelle belle-mère des enfants, une ado de 14 ans et un garçon de 10 ans, les emmène en safari pour aller voir les lions dans leur habitat naturel. Et soudain, c’est le drame : lors d’une pause, le guide se fait dévorer par des lions affamés et les visiteurs se réfugient dans la jeep. Mais les clés sont restées dans la poche du guide. De son côté, inquiet de la disparition de sa famille, Tom convainc un chasseur de l’aider aux recherches…
D’un postulat qui titille les bas instincts du spectateur avide de tripailles, le réalisateur à d’abord tiré une œuvre plastiquement superbe. Les paysages sont magnifiés sans jamais tomber dans la carte postale de propagande touristique et les animaux sont filmés avec un vrai sens de la dramaturgie. S’ils apparaissent, c’est pour faire avancer l’histoire et sont toujours intégrés comme de vrais personnages, on est donc loin de toute esthétique « National Geographic ».
Alors oui, visuellement, le film est magnifique…mais qu’en est-il du reste ?
Premier point discutable : le parti-pris de la famille recomposée et sa belle-mère qui veut bien faire tandis que l’adolescente de service ne l’accepte pas. Certes, cela induit une certaine tension lorsque la voiture est assiégée par les lions, mais une lente dégradation des relations d’une famille lambda aurait pu être plus efficace.
Car c’est effectivement en terme d’efficacité, de nervosité que le film pêche. Deux attaques de lions, aussi réussies soient-elles ne suffisent pas et le suspens retombe assez vite tant les situations sont traitées de manière convenues. Si l’on pense à CUJO, le métrage n’est jamais aussi viscéral et c’est bien dommage car les occasions ne manquent pas. Et pourtant, la famille est gentiment malmenée mais au final tout va toujours bien. De son côté, Peter Weller assure le minimum à la recherche de sa famille et la retrouve finalement sans trop d’encombre lors d’un final qui fait la part belle à Bridget Moynahan, mais c’est déjà trop tard. En effet, depuis bien longtemps, la certitude que tout va bien se passer a gagné le spectateur et ce ne sont pas des effusions de sang en CGI qui y changeront quoi que ce soit.
C’est bien dommage car le film débutait de manière tendue, mais à trop vouloir rester soft, cette aventure tient plus de la foire de village que du grand huit ultime. Aucune méchanceté, aucune réflexion sur la confrontation de la civilisation à la sauvagerie de la nature, juste d’inoffensives secousses.
De quoi frissonner en famille quand on a pas l’habitude de vraies péloches énervées.

Share via
Copy link