Un texte signé Michaël Guarné

Hong-Kong - 1987 - Ringo Lam
Interprètes : Chow Yun-fat, Tony Leung Ka-Fai, Roy Cheung, Victor Hon

retrospective

Prison on Fire

Bien avant de diriger Jean Claude Vandamme dans IN HELL et REPLICANT, Ringo Lam a accouché de plusieurs petites perles bien connues des amateurs de cinéma de genre asiatique. Porté par un Chow Yun-fat assez jeune, PRISON ON FIRE premier du nom constitue peut-être ce que Ringo Lam a pu faire de mieux durant sa carrière. Un film rageur qui, univers carcéral oblige, jouit d’une dimension sociale et politique vraiment intéressante.
L’acteur fétiche de Tsui Hark joue ici un certain Ching, en prison pour avoir tué sa femme qu’il avait surpris au lit avec quelqu’un d’autre. Il prend rapidement sous son aile le nouveau détenu : Loka Yiu, interprété avec justesse par Tony Leung Ka-Fai. Celui-ci a été condamné à trois ans ferme pour avoir tué sans préméditation un voleur qui s’en prenait avec l’aide de plusieurs voyous à la boutique familiale. La dureté du milieu ne tarde pas à avoir raison de la santé mentale de Loka Yiu. Il subit en effet de nombreuses brimades et humiliations des membres des Triades mais aussi du vil officier Hung. Ching a beau essayer de calmer le jeu, les tensions sont de plus en plus fortes entre Loka Yiu et ses bourreaux…
PRISON ON FIRE peut être qualifié de drame social à bien des égards tant les dysfonctionnements du système carcéral y sont exposés au grand jour. Violence et corruption (entre gardes et détenus, entre détenus eux-mêmes…) sont monnaie courante dans cet univers sombre. Mais au milieu de tout ça, le personnage de Chow Yun-fat apparaît presque comme un enfant insouciant. Bien conscient des horreurs quotidiennes auxquelles il est exposé, il préfère choisir la voie de l’indifférence afin de ne pas s’attirer d’ennuis. Evidemment, la violence finit par le rattraper malgré lui, l’officier Hung faisant tout pour pousser à bout les détenus qu’il n’apprécie pas.
Ringo Lam interroge donc le spectateur sur l’efficacité de la prison comme moyen punitif. Les prisonniers ne risquent-ils pas d’être plus perdus une fois sortis ? Après avoir subi les pires brimades pendant plusieurs années entre quatre murs, ne sort-on pas plus rageur et déprimé encore ? La réinsertion de ces repris de justice est-elle donc efficace avec ce système ? Bref, autant de questions qui nous interpellent tout au long du film et qui méritent réflexion.
Si le rythme du métrage peut sembler relativement décousu, la tension monte quand même au fur et à mesure. La vision plutôt pessimiste du réalisateur transparaît dans un final où la rage éclate au grand jour. Pas de vision lyrique comme pourrait le faire Tsui Hark. Non, juste un rendu froid, réel, à la limite du documentaire presque.
PRISON ON FIRE n’a donc rien perdu de sa superbe. Une bobine âpre, à la mise en scène sobre mais efficace, qui sait faire réfléchir comme divertir. Peut-être le meilleur opus de la tétralogie de feu (les autres films étant CITY ON FIRE, PRISON ON FIRE 2 et SCHOOL ON FIRE) de Ringo Lam.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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