retrospective

Project moonbase

En 1970, les USA mettent en place une mission de reconnaissance autour de la lune dans l’optique de construire la première base lunaire. Pendant ce temps, un complot fomenté par les russes permet de remplacer un membre de l’équipage, le Dr. Wernher, par un parfait sosie. Au cours du vol, ce dernier tente de prendre les commandes du vaisseau pour l’écraser sur la base spatiale américaine en orbite, et ainsi accomplir les desseins des russes. Des missiles sont envoyés sans conséquences. Le drame est évité de justesse par les astronautes américains, mais la fusée doit néanmoins alunir faute de ressources suffisantes pour faire demi-tour.

Le film débute de manière très conventionnelle sur fond de Guerre Froide et de complots. Les préparatifs et machinations se succèdent à l’écran comme dans toute bonne petite série B. Après tout, à cette époque, une conquête spatiale se devait d’être disputée. Pour combler le manque de moyens, et la relative pauvreté de cette production, le réalisateur optimise au maximum les décors qui respirent le charme du carton-pâte. L’endroit où le vaisseau se pose sur la lune est entouré de montagnes, offrant ainsi un cachet romantique à l’ensemble. L’intérieur de la fusée, assez basique, donne quand même un ton crédible de modernité. Les moyens de communication se font par vidéo, les combinaisons des astronautes dans le vaisseau sentent bon le futur vu par les années 50. Enfin, un effort est consenti pour nous montrer correctement les décollages et atterrissages. Ce n’est pas toujours convaincant mais il y a une vue en plongée du vaisseau, qui se retourne pour atterrir, faite image par image. Cette séquence témoigne de l’inventivité du réalisateur qui a cherché d’autres façons de montrer une scène qui pâtit souvent d’un manque de crédibilité dans les films de SF. La réalisation est correcte. Si certains plans bénéficient d’une assez jolie photographie, d’autres sont franchement quelconques. Cela donne au film un aspect un peu bancal, mais non dénué de charmes.

Du coté des personnages, ce n’est pas l’originalité qui règne. On retrouve, bien sûr, un trio constitué du méchant à la solde des russes, du héros et d’une femme en commandante de bord. Les relations ne tarderont pas à s’échauffer lors du voyage et la femme en sera en partie la cause. Les dialogues et le jeu des acteurs sont corrects sans plus, mais c’est un réel plaisir de pouvoir contempler le joli visage de l’actrice Donna Martell (qui n’a pas tourné dans beaucoup de films par ailleurs) dont la présence donne un peu de caractère à la production.

Le film bifurque et prend une dimension autre. Au conflit international qu’engendre la conquête spatiale se substitue une histoire de survie. Coincés sur la face cachée de la lune, coupés de toutes liaisons radio, les protagonistes doivent se réconcilier et s’entraider. Nous aurons ainsi droit, chose pour le coup peu banale, à une scène d’alpinisme lunaire : les deux acteurs masculins gravissent une montagne pour poser un émetteur radio. Arrivés en haut, ils s’asseyent et contemplent la vue. Moment poétique, calme avant la chute. Le happy end final est également contrasté. L’histoire se clôt par un mariage à distance. Au moins, les mariés sont au bon endroit pour passer leur « lune de miel », car ils sont définitivement coincés. C’est assurément cette partie-là qui fait sortir le film de sa médiocrité. Les plans sont plus soignés, l’imagerie SF s’épanouit vraiment avec une certaine originalité. On reste très loin de la poésie de PLANETE INTERDITE, mais il est clair que PROJECT MOONBASE ne joue pas dans la même catégorie. Réalisé avant, il semble déjà aller vers une science-fiction où le décor tient une place primordiale. Plus qu’un terrain lisse avec quelques cratères, les planètes deviennent de véritables mondes.

Œuvre mineure de la science-fiction américaine des années 50, PROJECT MOONBASE se laisse regarder avec un certain intérêt. Si le film est pétri de stéréotypes, ses effets-spéciaux fauchés qui tiennent à peu près la route et les scènes sur la lune vaudront, à coup sûr, le détour de l’amateur.

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