Purani Haveli

Un texte signé Tom Flener

Inde - 1989 - Shyam Ramsay, Tulsi Ramsay
Interprètes : Deepak Parashar, Amita Nangia, Tej Sapru …

PURANI HAVELI est le successeur de VEERANA dans la filmographie des frères Ramsay. Si le ton de l’ensemble reste le même, c’est-à-dire un mélange entre film d’horreur, comédie musicale et film d’action, le registre change légèrement. VEERANA était un film de sorcière et de possession, tandis que PURANI HAVELI se veut un film de maison hantée.
Après la mort de ses parents, Anita va vivre avec son oncle Kumar, sa tante Seema, et Vikram, le frère de Seema. Comme Anita est la seule héritière de la fortune de ses parents, Kumar et Seema veulent absolument arranger un mariage entre Anita et Vikram. Mais Anita est folle amoureuse du beau Sunil. Kumar décide d’acheter une maison pour sa nièce – avec l’argent d’Anita, bien sûr, et en escroquant au passage la moitié de la somme pour lui-même et sa femme. Mais lors de l’inspection du manoir, Kumar est tué par un monstre géant. Pendant ce temps, Seema et Vikram font tout pour séparer Anita et Sunil, et menacent même de tuer le jeune homme. Lorsqu’Anita se résigne finalement à obéir à sa tante, sa meilleure amie organise une visite du manoir avec tous leurs copains, et invite Sunil en secret. S’ensuivent alors plusieurs nuits de terreur, et plusieurs jours d’imbroglios romantiques.
Tout comme avec VEERANA, il ne faut pas s’attendre à un film d’horreur pur et dur. L’intrigue concernant la maison hantée est entrecoupée voire carrément interrompue par des interludes musicaux et comiques. Malheureusement, ceux-ci fonctionnent moins bien que dans VEERANA, surtout l’élément comique de PURANI HAVELI. Car, soyons honnêtes, on s’attend à des chansons et des numéros de danse dans un film indien, et ceux-ci sont donc facilement acceptables. Ici aussi, les textes parlent d’amour et de passion. Quant à l’amour impossible entre Sunil et Anita, les scènes qui le dépeignent s’intègrent finalement assez bien dans l’ensemble. La comédie, d’un autre côté, fonctionne aussi tant qu’elle se réfère à l’intrigue principale, c’est-à-dire à la maison et aux monstres qui l’habitent. Ainsi de nombreuses scènes se déroulent sur le même principe. Un des personnages voit soit un cadavre, soit un monstre. Il crie, et tout le monde se rassemble dans le hall. Lorsqu’ils retournent vérifier tous ensemble, le cadavre ou le monstre a disparu. On peut argumenter que les réalisateurs abusent un peu de ce gag, mais d’un autre côté, si on ajoutait un grand chien parlant dans le mélange, on obtiendrait une version indienne de Scooby Doo. A la place, on a les personnages comiques de Manghu, un gros peureux, et de Sher Khan, un homosexuel qui s’éprend de Manghu et n’arrête pas de le suivre – toujours par derrière, comme ne manque pas de préciser Manghu. Si on peut ici détecter une certaine tendance homophobe dans le film, elle n’est pas trop flagrante et peut facilement être ignorée.
Pour étirer le film jusqu’à deux heures et demie – c’est la seule explication logique –, les Frères Ramsay ont néanmoins cru bon d’inclure une sous-intrigue concernant Kalaa Gangu, un bandit qui attaque les villages alentours, et qui est le frère jumeau disparu de Manghu. Lorsqu’un des sous-fifres de Kalaa Gangu essaie d’assassiner celui-ci pour prendre sa place, et que Manghu est pris pour son frère jumeau, on s’éloigne pendant trop longtemps du manoir hanté et de ses habitants pour suivre une toute autre intrigue dans le camp des bandits. Le problème est qu’elle ne mène nulle part. A la fin, Manghu, effrayé, s’enfuit avec Sher Khan, et les deux personnages disparaissent du film.
Si la comédie est moins bien réalisée que dans VEERANA, les éléments d’horreur fonctionnent à merveille. Il faut à ce point surtout mentionner le monstre principal, une sorte de Sasquatch géant très impressionnant. Ainsi, lorsque les frères Ramsay décident, contrairement au bon sens et aux conventions du genre, de nous montrer le monstre dès les premières minutes du film, on n’est néanmoins pas déçus. Les dernières vingt minutes, pendant lesquelles une course poursuite mène nos héros et le monstre du manoir dans une église, constituent le tour de force du film, et valent bien l’effort de souffrir les sous-intrigues romantiques et comiques qui précèdent. PURANI HAVELI arrive même à nous surprendre quand le monstre n’est pas vaincu par une déité locale, mais bien par la religion et les symboles de la chrétienté.
Si PURANI HAVELI déçoit donc légèrement après VEERANA, et aurait pu être coupé d’au moins une demi-heure, ce film n’ennuie jamais et reste en fin de compte un solide exemple du cinéma d’horreur bollywoodien, et une bonne entrée dans l’œuvre des frères Ramsay.


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- Article rédigé par : Tom Flener

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