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Ra.one

Le cinéma bollywood, toujours extrêmement prolifique, reste malheureusement très méconnu en Occident où seul une infime partie des productions indiennes nous parviennent, généralement lorsqu’elles répondent à des considérations socio-politiques propres à attirer le critique distingué et de bon goût. L’énorme partie immergée de l’iceberg bollywoodien comporte pourtant de nombreux blockbusters divertissants et rondement menés capables de donner la banane aux amateurs de cinéma populaire à l’image des récents DON, DHOOM ou ENDHIRAN qui, tous, marchent sur les platebandes ricaines avec une relative efficacité. RA.ONE est un de ces long-métrages, conçus pour damner le pion aux Américains sur leur propre terrain (du fun, du fun et encore du fun !), et qui témoigne des énormes moyens dont dispose Bombay lorsqu’il s’agit de jouer la carte de la destruction massive.
Shekhar et son épouse Sonia vivent une existence tranquille en compagnie de leur fils, Prateek. Sonia travaille à l’écriture d’un ouvrage définitif sur les relations entre les hommes et les femmes tandis que son époux conçoit des jeux vidéo pour la compagnie Barron. Malheureusement, les affaires de la firme ne sont guère brillantes, au point que le patron songe à fermer boutique pour ouvrir, à la place, un restaurant. Au cours d’une conversation avec Prateek, Shekhar semble pourtant entrevoir la solution aux problèmes de la compagnie : son fils, en effet, est lassé des super-héros interchangeables et invincibles et souhaite affronter un super vilain réellement surpuissant. Les programmeurs informatiques, enthousiastes, créent ainsi le plus redoutable des monstres, le terrible Ra.one (dont le nom dérive du démon Raavan), ainsi que son alter-égo héroïque, G.one (alias Jeevan, la force vitale). Hélas, la maléfique création finit par accéder à une certaine forme de vie et parvient à quitter le monde virtuel pour pénétrer dans notre univers…
Fortement inspiré par TERMINATOR 2 pour la relation filiale entre le G.one et le gamin, cette superproduction mange aussi à d’autres râteliers et copie effrontément TRON, MATRIX, TRANSFORMERS, et bien d’autres…RA.ONE prouve ainsi la facilité avec laquelle l’Inde à ingéré, digéré et recraché le meilleur du divertissement popcorn à l’américain ainsi que toute la mythologie super-héroïque développée dans les pages des comic-books depuis trois quarts de siècle. On retrouve ainsi, pratiquement à l’identique, l’idée d’un « cœur » permettant au héros de continuer à vivre…exactement comme dans IRON MAN. Les affrontements entre le héros et son ennemi héréditaire, de leur côté, rappellent tous les films de super-héros qui engrangent des millions au box-office depuis une décennie mais aussi les joutes colorées du manga et les duels en apesanteur du Wu Xia Pian chinois. Une véritable mondialisation du divertissement qui garde, toutefois, certaines caractéristiques propres, en l’occurrence les numéros musicaux, chantés et dansés, indissociables du cinéma bollywoodien. Heureusement, ceux-ci sont peu nombreux (3 ou 4 sur un film de près de 2h40) et plutôt plaisants, à condition d’accepter la transposition très kitsch du « Stand by me » de Ben E. King à la mode locale. Les acteurs, pour leur part, sont de véritables stars du cinéma indien et RA.ONE propulse en tête de générique Shah Rukh Khan qui, en une vingtaine d’années, s’est imposé via des réussites comme LA FAMILLE INDIENNE, DON, DEVDAS ou l’excellent VEER-ZHARA. A ses côtés, nous retrouvons la splendide Kareena Kapoor, découverte dans ASOKA et revue depuis dans une quarantaine de long-métrages dont les gros succès DON et OM SHANTI OM.
Doté du plus gros budget jamais alloué à une production indienne (24 millions de dollars mais, à l’écran, le résultat rivalise avec des produits ricains 6 ou 7 fois plus fortunés !) et de plus de 3500 plans d’effets spéciaux (presque tous efficaces et réussis), RA.ONE constitue une parfaite machine de divertissement massif et aligne gag, romance, chansons endiablées et scènes d’action explosives. Une preuve supplémentaire que l’Inde, sans totalement renier ses spécificités, peut aujourd’hui proposer des blockbusters convaincants dans la lignée des meilleurs films américains de ce style et participer, elle-aussi, à la grande vague des super héros à l’écran.
Pour résumer, en deux mots, RA.ONE, « ça déchire ! ».

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