Raman Raghav 2.0

Un texte signé Sophie Schweitzer

Inde - 2016 - Anurag Kashyap
Titres alternatifs : Psycho Raman
Interprètes : Nawazuddin Siddiqui, Vicky Kaushal, Sobhita Dhuliwala

PYSCHO RAMAN pour son titre français, RAMAN RAGHAV 2.0 pour son titre original, est un film de serial killer indien. Second film sur le sujet pour son réalisateur, Anurag Kashyap, appartenant à l’école du genre en Inde. Le cinéaste avait déjà fait un tour à l’Etrange Festival pour UGLY. Si son premier film de serial killer avait souffert de la censure (il n’est jamais sorti), son second, fort de la réussite de ses précédentes réalisations, a tout pour avoir une jolie carrière.

Survolté, PSYCHO RAMAN semble être un film de fous furieux, littéralement. On reconnaît tout de suite le style indien avec une caméra toujours en mouvement, de la musique pétaradante soulignant des moments de bravoure comme des courses-poursuites, des acteurs qui en font des tonnes, le tout découpé par un montage rapide. Ce qui n’empêche pas les séquences de sembler durer une éternité. Mais PSYCHO RAMAN a une durée raisonnable pour un film indien, 2 heures seulement, le public européen ne verra donc pas le temps passer, tant il est survitaminé.

Ce qui fait sa force, plus qu’une mise en scène éclatante, c’est son casting ! Avec Nawazuddin Siddiqui dont le charisme fou émane du film pour déborder à la fin, l’image du tueur barré complètement psychotique et charismatique est indéniablement présente. Notre héritier d’un tueur légendaire indien, Raman Raghav, aurait de quoi faire de l’ombre à Hannibal Lecter. Peut-être à cause du jeu halluciné de son acteur, ou de la manière dont la caméra s’accroche à lui. A moins que ça ne soit sa course impossible, mystique et complètement folle. Sa manière de tuer et d’échapper si aisément à la police qu’il nargue a quelque chose de frappant, mais qui, pour autant, semble réaliste dans le contexte indien.

Face à lui, Vicky Kaushal campe superbement le petit con, le commissaire très jeune qui a manifestement bénéficié de relations pour gagner sa place, plus que d’expérience ou surtout de talent. Flic accro à la cocaïne, macho, égocentrique et violent, il n’incarne pas le justice mais plutôt le défaut de justice en Inde. Et c’est là tout le côté subversif du film, qui ne reste néanmoins pas ce que l’on retiendra forcément, car son personnage, bien que principal, est bien moins charismatique que ce tueur fou.

Indéniablement, la force du film est sa folie, son côté bourrin, hyper rapide, où le réalisateur , comme ses acteurs, en font des caisses. C’est l’ADN indien qui lui donne un petit côté original, intriguant, excitant pour nous qui sommes peu habitué à ce genre de films. Pourtant, Bollywood ne se limite pas aux comédies musicales, et il serait dommage que le public européen continue à bouder un cinéma en pleine expansion, créatif et ne connaissant que peu de limites.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà


=> Pour prolonger votre lecture, nous vous proposons ce lien.
Share via
Copy link