Reign of assassins

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Chine - 2010 - Chao-Bin Su, John Woo
Titres alternatifs : Jianyu
Interprètes : Michelle Yeoh, Woo-sung Jung, Shawn Yue, Barbie Hsu, Kelly Lin

Dans la Chine ancienne, différents personnages tentent de s’approprier les restes mythiques d’un moine bouddhiste qui auraient le pouvoir de conférer à leur détenteur d’incroyables capacités martiales et une quasi invincibilité. Parmi eux, Bruine, une guerrière, membre du clan de la Pierre Noire, dirigé par le redoutable Roi de la Roue, décide de se retirer du monde des arts martiaux. Bien sûr, le reste des assassins n’accepte pas cette démission et place un contrat sur sa tête, forçant la jeune femme à changer son visage par la chirurgie et a adopter l’identité d’une certaine Zeng Jing (le métrage remplace alors Kelly Lin par la légendaire Michelle Yeoh). Cette dernière tente de refaire sa vite dans une petite ville sous l’œil de la « marieuse » Miss Chai et attire l’attention de Ah-sheng, dont elle tombe amoureuse. Malheureusement, le braquage d’une banque oblige Zeng Jing a révélé ses incroyables aptitudes martiales, remettant les assassins sur ses traces et celles de son fraichement épousé Ah-Sheng.

Pour son troisième long-métrage, Chao-Bin Su a choisi de rendre hommage au Wu Xia Pian, ces films de chevaleries épiques, baignant souvent dans le fantastique, qui firent jadis la réputation de la Shaw Brothers. Révélés au grand public occidental bien plus tard par l’intermédiaire de titres comme TIGRE ET DRAGON ou HERO, le Wu Xia renait régulièrement de ses cendres, comme en témoigne le récent et très réussi LES 3 ROYAUMES signé John Woo. A noter que ce-dernier se voit d’ailleurs crédité de la coréalisation de REIGN OF ASSASSINS même s’il est probable qu’il n’eut sur le métrage qu’un rôle secondaire, comme l’a confirmé à demi mot Chao-Bin Su. Quoiqu’il en soit cette prestigieuse paternité ouvre à REIGN OF ASSASSINS bien des portes et lui permet de s’imposer de manière internationale au-delà du cercle fermé des amateurs de « cape et épée » asiatique.

Mêlant les ingrédients traditionnels du Wu Xia, REIGN OF ASSASSINS propose une intrigue complexe, une romance tragique et contrariée, un argument fantastique placé en retrait et une poignée de combats spectaculaires. A la fois drame et film d’action, l’oeuvre se consacre essentiellement sur les deux principaux protagonistes, incarnés par Michelle Yeoh et Woo-sung Jung. Est il encore nécessaire de présenter la première, élue jadis Miss Malaisie, James Bond girl dans DEMAIN NE MEURT JAMAIS, rivale de Jackie Chan dans POLICE STORY 3 (et son spin-off PROJET S) et toujours incroyablement séduisante à pratiquement cinquante ans. Pour lui donner la réplique, nous retrouvons le Coréen Woo-sung Jung, vu dans LE BON LA BRUTE ET LE CINGLE et MUSA LA PRINCESSE DU DESERT. Ces deux héros attachants confèrent au métrage ses meilleurs moments, à la fois intimistes et romantiques, et permettent de passer outre les faiblesses d’une intrigue convenue, pas vraiment équilibrée (de longs passages à vide entre les combats), plutôt confuse et truffée d’invraisemblances. Difficile, par conséquent, de se passionner pour un scénario balisé et tiré en longueur dont l’unique enjeu réside dans la possession d’une relique sacrée sous-exploitée.
Les combats, pour leur part, n’innovent pas vraiment et se situent dans un style rapide et câblé, popularisé par le cinéma chinois mais aussi ses démarquages venus de tous les pays du monde (des X MEN à MATRIX en passant par LE TRANSPORTEUR et KILL BILL). Ils n’en restent pas moins joliment chorégraphiés, énergiques et globalement satisfaisants à défaut de se montrer pleinement enthousiasmants. Dommage que le montage haché et le choix d’une réalisation parfois peu lisible gâche un peu le plaisir et empêche de savourer toutes les joutes à leur juste valeur. Les passages où intervient la magie s’avèrent, eux, plus réussis et convaincants, en dépit d’effets spéciaux parfois limites, et se montrent plus originaux et imaginatifs, parfois prétextes à de belles images nocturnes.

Sans être le monument attendu, REIGN OF ASSASSINS assure un spectacle plaisant, probablement trop long pour pleinement convaincre, mais qui demeure agréable et distrayant grâce à son esthétique soignée, le charme de ses interprètes et l’efficacité des combats. Les amateurs de Wu Xia n’ont donc aucune raison de s’en priver même si le grand public risque de se sentir un peu largué par cette intrigue touffue et parfois peu vraisemblables. Selon les attentes de chacun, REIGN OF ASSASSINS se révèle donc correct ou, au contraire, décevant mais assure l’essentiel, à savoir un bon divertissement grand public de qualité.

Retrouvez nos chroniques du BIFFF 2011.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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