Répulsion

Un texte signé Nassim Ben Allal

Royaume-Uni - 1965 - Roman Polanski
Interprètes : Catherine Deneuve, Ian Hendry, John Fraser, Yvonne Furneaux.

REPULSION est le deuxième long-métrage de Roman Polanski après LE COUTEAU DANS L’EAU. Fort d’une petite carrière commencée dix ans plus tôt par des courts-métrages, il démarre en 1965 un cycle thématique de films se déroulant quasiment en intégralité dans un appartement : après REPULSION suivront ainsi ROSEMARY’S BABY en 1968 et LE LOCATAIRE en 1976. Des huis-clos qui démontreront l’incroyable virtuosité du metteur en scène…
Londres, 1965. En plein swinging london, Carole, une jeune belge travaille dans un salon de beauté et vit en colocation avec sa sœur ainée. Lorsque celle-ci part en vacances avec son amant laissant Carole seule, la jeune femme se retrouve confrontée à des évènements de plus en plus étranges. Sont-ils issus de son imagination ou est-elle réellement la victime d’une menace extérieure ?
Aujourd’hui, presque cinquante après sa sortie, REPULSION est un classique incontournable pour tout amateur de cinéma de genre. A la fois psychanalytique et métaphorique donc intellectuel, il n’en oublie pas pour autant sa fonction première, celle de raconter une histoire compréhensible et surtout, effrayante. Efficace dans la gestion de l’horreur visuelle, le film propose plusieurs niveaux de lecture et reste à ce jour d’une redoutable efficacité. Bref, REPULSION est un petit bijou réalisé par un auteur alors en pleine ascension. Et pourtant. Si Roman Polanski et son complice scénariste Gérard Brach décident de raconter cette histoire, c’est tout simplement par motivation économique, afin de pouvoir monter ensuite CUL DE SAC, un projet bien plus personnel. Bref, REPULSION n’est à la base qu’un « vulgaire » projet commercial, censé profiter du succès des films de la Hammer et autres productions Roger Corman (DEMENTIA 13, le premier film de Coppola produit par le Mogul des radins n’est sorti que deux ans plus tôt). Loin, très loin de bâcler son film, Polanski apporte un soin tout particulier à illustrer un scénario astucieux et bien plus profond qu’il n’y parait. Au lieu de raconter de la manière la plus racoleuse possible une histoire spécialement écrite pour faire sursauter son public, le réalisateur et son scénariste s’attachent à donner une réelle profondeur à leur scénario. Si l’idée de base est simple (une jeune femme restée seule dans un appartement se retrouve confrontée à une étrange menace), son traitement et son illustration le sont moins. Attaché au point de vue de Carole, le spectateur subit les mêmes tourments qu’elle tout en cherchant à savoir si elle s’enfonce ou non dans la folie. Polanski gomme petit à petit les rassurants repères du quotidien pour glisser vers des visions fantasmagoriques (des bras surgissant des murs de l’étroit couloir de l’appartement) qui feront date et inspireront de nombreux autres réalisateurs de films fantastiques et d’horreur. Au final, loin de livrer un pur film d’horreur, Polanski signe avec REPULSION un drame psychologique dont le personnage principal, une jeune femme effrayée par la sexualité, glisse vers le meurtre et la folie. Ce coup de maitre cinématographique à la beauté visuelle jamais démodée (la lumière est signée par Gilbert Taylor, chef opérateur du DOCTEUR FOLAMOUR de Kubrick) fut récompensé par l’Ours d’Argent à Berlin en 1965.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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