Un texte signé Michael Abbate

USA - 2006 - John Shiban
Interprètes : Jaimie Alexander, Joey Mendicino, Nick Orefice, Joseph Lawrence

review

Rest Stop

Prenez un jeune couple traqué par un mystérieux chauffard (DUEL), une aire de repos abandonnée, des toilettes insalubres façon SAW, une famille de dégénérés (THE DEVIL’S REJECTS) des plus inquiétantes. Agrémentez le tout de passages copiés sur THE HITCHER puis, rajoutez-y un zeste de WOLF CREEK (même l’affiche lui rend hommage) et vous obtenez un Direct To Video distribué par la Warner, avec le pas très inventif REST STOP.
Ce film à petit budget accumule les nombreux poncifs du genre au détriment du récit, qui finit par être incohérent. Le réalisateur John Shiban (il a notamment travaillé sur la série X FILES) construit son film à la manière d’un « survival », avec ses jeunes gens pris au piège par un tueur fou et qui tentent désespérément d’échapper à une mort atroce. Comme d’habitude, nous suivons donc un jeune couple bien propret en partance pour Hollywood et qui sera victime d’un redoutable maniaque hantant les routes arides américaines.
D’abord, notre couple s’arrête sur une aire de repos. Là, la jeune femme a soudainement envie de faire pipi. Une fois arrivée dans les toilettes sales et miteuses, celle-ci décide malgré l’odeur et les mouches d’aller se soulager. Impossible alors de ne pas repenser aux toilettes répugnantes de TRANSPOTTING. A sa sortie des lieux, Nicole ne distingue plus le véhicule de son ami. La pauvre. Elle est loin d’imaginer qu’en insistant pour faire ses besoins dans cette petite station lugubre, elle allait mettre en péril la vie de son compagnon et bien évidemment la sienne.
Non loin de là, un camping-car semblant être abandonné abrite une inquiétante famille catholique, qui cache dans les cales de l’engin un être difforme vraiment très laid. Passage ici très divertissant, d’autant plus quand ce drôle de personnage poussera ses petits cris stridents. La jeune femme ne tardera pas à faire sa connaissance…
Puis, le scénario s’arrête là, comme ça, à sa trentième minute laissant la jeune femme en errance dans cette station. Elle casse la fenêtre d’une cabine de poste de secours (elle se fera une énorme blessure bien gore au passage) et s’enfile une bouteille d’alcool devant un vieux porno diffusé à la télévision. Pas même elle ne se pose cette question cruciale : qu’en est-il de son compagnon d’infortune ? Disparu, encore vivant, mort et enterré, ou simplement parti faire pipi lui aussi…? On se tourne les pouces tant le film devient inintéressant.
Le killer, toujours en second plan, n’intervient pas ou très peu. Nicole retourne faire un tour dans les toilettes avec sa bouteille. L’histoire s’y installe alors et pour y rester.
Tant qu’on est dans le cliché, continuons : avec également une seconde femme tordue dans un recoin de la pièce (personnage oublié de la première partie de l’intrigue), sorte de fantôme sanguinolent qui entraîne Nicole (au bout de 3 heures de solitude quand même) vers une crise de folie.
Il faut l’avouer, l’actrice principale, interprétant ici la pauvre Nicole, n’est pas crédible. Pour remotiver le spectateur, rien de mieux que de faire apparaître 20 minutes avant la fin du film, un nouveau personnage, flic si possible (interprété par Joseph Lawrence), qui ne tardera pas à se faire écraser les jambes par le véhicule du tueur, avant de finir dans le décor de SAW et de proposer à l’héroïne de lui tirer en pleine poire. Celle-ci, pour notre plus grand plaisir (il en fallait bien un peu et ça doit bien être le seul intérêt de cet ersatz) ratera son premier essai.
Vous l’aurez compris. REST STOP n’est pas un joli spectacle. Il ne fait qu’enchaîner des séquences déjà vues. On en est à se demander si le film valait bien la peine d’être réalisé, et le scénario d’être écrit.
Toutefois, le directeur de la photographie propose une image soignée, des teintes crasseuses, qui donnent au film un aspect particulièrement glauque, surtout dans les séquences du camping-car et des toilettes.
Le serial killer n’est pas spécialement effrayant ou violent. Il est loin d’égaler le machiavélisme de Mick Taylor (WOLF CREEK) ou celui d’un TED BUNDY.
REST STOP est vraiment à mille lieux des meilleures productions du survival. Dépourvu d’une histoire originale, il offre pour se consoler une image léchée, mais c’est bien là son seul intérêt. Surfant sur la vague des SAW, HOSTEL, et autres ersatz, ce film rencontrera probablement le succès auprès d’un public jeune, pas trop regardant sur la qualité et la vraisemblance.


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- Article rédigé par : Michael Abbate

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