Revenge city

Un texte signé Stéphane Pretceille

USA - 2013 - David Ren
Interprètes : Jason Yee, Samantha Streets, Gary Stretch

Jack, à la fois chauffeur et garde du corps d’une dizaine de prostituées à la solde d’un proxénète , n’a de cesse de retrouver le meurtrier de Sandy, une jeune call-girl exécutée froidement d’une balle dans son appartement. S’étant entiché de cette très jeune prostituée lors de sa première passe, Jack, entreprend de reconstituer sa dernière journée, les clients rencontrés, les appels téléphoniques passés et reçus. Il découvrira rapidement que l’instigateur de ce crime n’est pas celui que l’on attendait.

Revenge city s’inspire du roman graphique « SIN CITY » de Franck Miller et du film éponyme réalisé par le cinéaste le plus cinéphile d’Hollywood Quentin Tarantino et son comparse Roberto Rodriguez. Ambiance très noire, photographie crépusculaire à la limite du noir et blanc, l’action se situant exclusivement la nuit. La palette des personnages se compose essentiellement de criminels, prostituées et leurs clients plus pervers les uns que les autres, de flics ripoux et d’une armée d’hommes de main. Tous les codes du genre sont convoqués et combinés à un film d’art martiaux, le personnage principal étant Jason Yee, un ancien champion et un spécialiste du kick boxing et du san shou. C’est donc un film où les règlements de compte s’arbitrent plus dans des combats très physiques que dans des fusillades.

Le cocktail du film noir relu sous la houlette de Franck Miller et du film d’art martiauxl donne un résultat plutôt convaincant, le caractère dépressif du héros est préservé et les personnages secondaires patibulaires sont nombreux. Ingrédient classique de cette ambiance codifiée, tout le long du film, la voix off de Jack nous fait partager ses pensées torturées. Si le cahier des charges s’applique avec soin à reproduire le formalisme du crépusculaire « SIN CITY » avec les modestes moyens qui sont alloués au film, les quelques combats d’arts martiaux sont peu convaincants et la comparaison avec le brillantissime « LE RAID » de Gareth Evans n’est pas à son avantage. Paradoxalement, le film pâtit plus de ses séquences d’action plutôt mollassonnes que dans les pérégrinations du héros dans les dédales d’une cité criminelle. Le réalisateur étant plus à l’aise dans la mise en scène d’une atmosphère noire que dans des scènes d’action tournées en plan séquence proche en cela des jeux vidéos.

L’écriture est ponctuée de répliques cinglantes et assez drôles, les dialogues sont travaillés et l’humour très présent. Caractéristiques à nombre de séries B, le scénario déroule avec platitude une chronologie où très rapidement les personnages sont typés et l’assassin facilement identifié, la caricature faisant office de caractère, on retrouve la prostituée innocente obligée de se vendre, déclamant de la poésie pendant son temps libre et le flic corrompu et cupide. Dommage que Jason YEE ait un jeu peu expressif, à la différence de Ron Yuan interprétant le proxénète et aussi en charge de la chorégraphie des scènes de combat. Son personnage, très drôle, lâche, obsédé, est sans doute le mieux développé et le plus surprenant notamment à la fin où il se révèle plus complexe qu’il ne semblait.

REVENGE CITY est donc une œuvre bien calibrée pour un public amateur de séries B réalisées avec soin, sans second degré mais avec un sens de l’humour distillé intelligemment tout au long d’un format de 84 minutes. Durée que l’on appréciera pour ne pas avoir étiré inutilement une histoire archi classique où le spectateur a bien souvent une longueur d’avance. Comme dit précédemment, on regrettera des combats peu percutants, sans adversaire à la hauteur de son héros. Le plaisir n’est pour autant pas absent à la vision de ce petit frère karatéka de SIN CITY, le réalisateur, David REN, comme tout artisan respectueux de son public, ayant fait du bon ouvrage.


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- Article rédigé par : Stéphane Pretceille

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