Rica

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Japon - 1972 - Kô Nakahira
Titres alternatifs : Konketsuji Rika
Interprètes : Rika Aoki, Kazuko Nagamoto, Masami Souda, Michi Nono

Production Toho des années 70, RICA s’inscrit dans la veine des métrages Pinku alors en vogue au Japon et récemment redécouverts via le DVD (avec les coffrets « Femmes Fatales » ou « La Femme Scorpion »).
Rica est mal partie dans la vie : elle est née suite à un viol et sa mère se prostitue. Violée à son tour durant son adolescence, la belle Rica se retrouve en maison de correction, combat des gangsters et tente de s’opposer à un réseau de prostitution forcée.
RICA n’est probablement pas le meilleur exemple de Pinku que l’on puisse trouver sur le marché mais, dans l’ensemble, il reste assez divertissant.
L’héroïne est interprétée par Rika Aoki, laquelle ne joua apparemment que dans quatre long-métrages (dont les trois RICA, évidemment) avant de disparaître de la circulation. Sans la beauté fulgurante de ses rivales, ni leur prestance, Rika Aoki ne peut pas non plus compter sur ses capacités martiales, plutôt limitées. Elle est donc assez quelconque (quoique jolie) et comme son personnage ne bénéficie pas, non plus, d’une grande caractérisation, le métrage ne parvient pas vraiment à passionner.
Le scénario est pourtant touffu, sans doute même un peu trop, et multiplie les sous-intrigues afin de ne pas lasser le spectateur. Le rythme par contre n’est pas toujours très bien mené, en dépit de nombreux rebondissements pas toujours très vraisemblables. La faute sans doute à une mise en scène un peu paresseuse qui ne parvient pas vraiment à dynamiser les scènes de bagarres et autres règlements de compte.
Probablement handicapé par un budget serré, un temps de tournage restreint et, peut-être, une volonté de la Toho d’aller directement à l’essentiel, le cinéaste Kô Nakahira néglige les recherches visuelles de ces concurrents et se refuse à « intellectualiser » le propos. On ne trouve donc pas ici les cadrages travaillés, les couleurs psychédéliques ou les trouvailles formelles qui ont fait la renommée des plus fameux Pinku. A la place, RICA donne dans le dépouillé, un côté « rude » qui rapproche le métrage des blaxploitation et du cinéma bis américain ou hongkongais de la même époque. L’important réside donc essentiellement dans le spectacle, lequel est heureusement violent, sexy et tendu.
A ce niveau, RICA compense la faiblesse de ses chorégraphies par une violence gratinée qui vire carrément au gore à de nombreuses occasions. L’aspect érotique, quoique présent, se montre pour sa part un peu moins développé. On trouve cependant beaucoup de nudité et une poignée de crêpages de chignon entre filles énervées, le minimum syndical dans les productions de ce style.
Difficile d’en dire plus sur ce RICA: c’est un pur produit d’exploitation qui offre à l’amateur son content de sexe et surtout de violences sanglantes. Mais rien ne le distingue vraiment de la masse de productions du même genre et on ne peut donc le considérer que comme un divertissement potable, à réserver aux inconditionnels du Pinku. Les autres se reporteront plutôt aux classiques ELLE S’APPELAIT SCORPION ou LES MENOTTES ROUGES, de bien meilleures introductions à ce sous-genre typiquement japonais.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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