Rituals

RITUALS est un Survival comme on en faisait dans les années 70, à la suite du succès de films comme DELIVRANCE ou SANS RETOUR. Il flirte parfois avec le Slasher mais c’est un genre plus viril car il conte l’excursion en région sauvage d’une bande de copains et décrit la dégradation et/ou le renforcement de leur amitié face à des situations de plus en plus inquiétantes en milieu hostile.
RITUALS n’échappe pas à cette règle et étoffe le propos en nous proposant cinq toubibs en guise de héros.
Ces cinq médecins partent à l’aventure dans une immense forêt isolée de tout ! Dès le premier matin, ils s’aperçoivent que quelqu’un a emprunté leurs bottes, et, évidemment, ils n’ont pas suivi les consignes de leur ami qui leur préconisait de prévoir une paire de rechange. Ce dernier part chercher de l’aide (car, lui, a des bottes) mais tarde à revenir. Très vite, les 4 médecins comprennent qu’ils sont dans le collimateur de quelqu’un qui a décidé de leur faire la peau. Ce dernier parsème des indices sur les raisons pour lesquelles il tourmente des médecins. Des radiographies laissent à penser que l’étranger a subi une erreur médicale : des brûlures, un objet laissé après une opération… Les 4 médecins décident alors de quitter leur campement et traversent la forêt pour rejoindre le barrage où ils espèrent trouver de l’aide.
Inutile de tourner autour du pot, RITUALS est un très bon Survival. Tous les éléments primordiaux du genre trouvent leur place dans le film de Peter Carter qui signe ici une œuvre maîtresse.
Les paysages sont à tout point de vue subliment exploités. La forêt est inquiétante et fourmille de multiples dangers comme un essaim de guêpes qui aura la peau de l’un des médecins. La rivière ne ménagera pas non plus nos héros. Torrents et cascades compliqueront la tâche pour les valeureux médecins. Et lorsqu’ils voudront traverser la rivière, ils devront faire face aux terribles pièges laissés par celui qui les traque sans relâche…
Si l’on est en terrain connu, la motivation du prédateur qui se cache dans la forêt, elle, apporte de la profondeur au film. Il ne s’agit pas d’un hasard si nos héros sont médecins et le film aborde le thème de leur responsabilité lors d’erreurs médicales. S’il est vrai que les maladresses de ces derniers peuvent coûter la vie à leurs malades, ne peuvent-ils pas malgré tout avoir le droit à l’erreur ? RITUALS porte la question plus en amont, au niveau de la motivation de ses protagonistes. Est-ce le désir de sauver des vies qui pousse certains à choisir cette vocation, ou est-ce la promesse d’une rémunération conséquente ? L’un se vante d’aligner 12 heures de chirurgie sans pause, comme s’il s’agissait d’une compétition ! L’autre lui rappelle qu’il joue stupidement avec la vie de ses malades…
Lorsqu’ils ne seront plus que trois survivants, que l’un d’eux sera sur une civière et qu’il faudra le porter malgré la fatigue, la chaleur et les difficultés, c’est là, à ce moment précis que la motivation première de ces médecins apparaît. L’un est incapable d’abandonner un être humain et veut le sauver quoi qu’il en coûte alors que l’autre ne veut plus faire l’effort de le traîner… Le prédateur jugera en conséquence celui qui est finalement responsable de ses erreurs médicales dans une dernière scène éprouvante et sans pitié.
Le retour à la nature fait ressortir la vraie nature des hommes. En cela, le Survival est assurément un genre passionnant. RITUALS, en se servant de ses codes, prouve qu’on peut l’adapter à des sujets qu’on n’imaginait pas voir traiter dans un film de la sorte.