Salvage

Un texte signé Yannik Vanesse

Angleterre - 2009 - Lawrence Gough
Interprètes : Shahid Ahmed, Dean Andrews, Sufian Ashraf

Un père dépose sa fille devant chez sa mère pour le réveillon de Noël. L’adolescente n’est guère emballée par cette idée, un long passif de colère ne lui donnant pas envie de renouer contact avec cette mère qu’elle déteste. A peine arrivée, elle va se réfugier chez la voisine quand elle découvre sa mère en train de faire l’amour avec un homme. La jeune maman se précipite alors pour récupérer sa fille, mais est forcée de retourner se barricader chez elle sur l’injonction d’un groupe de soldats qui arrive sur ces entrefaites. Ignorant ce qui rôde dehors, notre héroïne n’a qu’une idée en tête : retrouver sa fille.

Le film est écrit et réalisé par deux réalisateurs peu connus et le casting est restreint ; le film étant une petite production allant à l’essentiel et n’utilisant que le minimum d’acteurs et de figurants.

Immédiatement, le spectateur se retrouve en plein mystère. Car si, dès les premières images, nous savons qu’une menace plane en ce lieu reculé, les réalisateurs entretiennent le suspens très longuement. Est-ce une invasion de zombies, un virus, des terroristes ou des monstres ? Nous le découvrons très tardivement, et les auteurs savent conserver le mystère avec une grande maîtrise, multipliant les fausses pistes. Le film s’avère très crédible, grâce à des personnages simples et classiques mais bien écrits, et incarnés par de bons acteurs. La détresse de Claire, l’adolescente du film, et celle de sa mère, sont entièrement palpables ; les relations conflictuelles donnant une excellente dynamique à l’histoire. De même, pour que le film marche, il faut de bons effets spéciaux. Et si le métrage n’hésite pas à se montrer sanglant, l’Ennemi est toujours dans l’ombre, n’étant dévoilé que par petits bouts. Cela accentue les interrogations du spectateur, évidemment, mais évite aussi de révéler les limites du budget, que l’on devine serré. C’est aussi pour aller à l’essentiel que le métrage ne contient que peu de musique et peu de dialogue. Certes, cela le rend assez court, mais évite les scènes de couloir ou de tunnel dans lesquelles les dialogues feraient baisser la tension. Et cela, nos réalisateurs se le refusent, sachant pertinemment qu’il n’y a rien de pire pour provoquer un peu d’ennui et faire naître la lassitude. Eux, au contraire, font de leur film un moment des plus tendus et stressants (nombre de réalisateurs devraient s’inspirer de leur sens du rythme).
Bien sûr, au final, l’histoire se révèle assez classique. Mais il n’est nul besoin d’un scénario original pour faire un bon film, quand l’histoire est bien traitée. Ici, écrite avec talent, elle devient très intéressante et passionne le spectateur, n’hésitant pas à verser dans le politiquement incorrect, jusqu’à une fin atrocement sombre et osée qui choque et surprend.
Le film n’est pas inoubliable ou unique pourtant. Les personnages sont classiques, leurs rapports prévisibles et les péripéties logiques. Mais il est efficace, et c’est tout ce que nous demandons à ce genre de métrage. Cependant, en refusant de nous révéler rapidement la nature de sa menace, SALVAGE a un petit quelque chose en plus qui le rend, pendant une grande partie, intriguant. Et, au niveau de la tension, il s’agit presque d’un sans faute pour cette excellente série B, qui fera passer un bon moment à tout fan d’invasion et d’horreur délicieusement sanglantes qui se respecte.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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