Santo in the Wax Museum

Un texte signé Tom Flener

Mexique - 1963 - Alfonso Corona Blake
Titres alternatifs : Santo en el Museo de Cera
Interprètes : Santo, Claudio Brook, Norma Mora, Rubén Rojo ...

Santo, une sorte d’hybride mexicain entre Hulk Hogan et Batman, est mandaté pour résoudre le mystère de la disparition de plusieurs personnes dans des circonstances inconnues. Assez vite, il soupçonne le Dr Karol (Claudio Brook), propriétaire d’un musée de cire local, d’avoir kidnappé tous ces gens. Néanmoins, une question subsiste : mais pour quelles néfastes raisons ? Et Santo pourra-t-il remporter le championnat de catch, tout en sauvant ces pauvres gens de leur funeste sort ?
Ce film n’aura sûrement pas, sur une audience européenne, l’impact qu’il a eu sur les spectateurs mexicains à l’époque. Mais c’est le cas pour la plupart des films avec Santo. Plus qu’un catcheur, Santo, né Rodolfo Guzmán Huerta en 1917, était une icône et un symbole de justice pour beaucoup de Mexicains. N’ayant jamais ôté son masque en public jusqu’en 1984, une semaine avant sa mort pendant l’émission mexicaine Contrapunto, Santo arrivait à se créer un air de mystère et d’invincibilité inégalé par les autres luchadores. En plus d’avoir joué dans une cinquantaine de films, Santo était le héros de sa propre série de BD, de 1952 jusqu’à 1987. Ainsi, l’attrait principal exercé sur les gens par son personnage était sûrement en partie l’espérance de voir ce super-héros, personnage de BD et de films, dans la rue, en chair et en os.
Sans cet attrait, beaucoup de ses films perdent en valeur, et SANTO IN THE WAX MUSEUM ne fait pas exception. Comme d’autres films mexicains de l’époque, le film souffre d’un budget assez petit, et ça se voit à l’écran. La mise en scène est très classique et ne se permet pas d’extravagances. Ainsi, SANTO IN THE WAX MUSEUM a l’air assez daté aujourd’hui et sera surtout apprécié par les fans d’horreur classique.
En effet, ce film tourné en noir et blanc rappelle, dans son look ainsi que par son intrigue, les vieux films de monstres. On a donc droit à un scientifique fou qui, ici, ne cherche pas à subjuguer le monde, mais veut simplement que ses victimes soient aussi misérables que lui-même (ben, il faut bien une raison comme une autre pour être méchant !). A la fin, quand les monstres du musée reviennent à la vie, on a même droit à des acteurs dans des maquillages bien cheaps et rigolos.
Par contre, il ne faut pas oublier que ceci est un film avec Santo, et pour ses adeptes, voir Santo faire du catch est aussi important que les scènes de cul dans un porno. Cette obligation de montrer notre héros masqué en action donne naissance à plusieurs situations assez drôles (ou énervantes, selon les points de vue). Ainsi, il interrompt son enquête aux moments les plus inopportuns pour aller à un match. Sur le point d’analyser un indice important, il laisse tout tomber et disparaît dans son Santo-mobile. Pour ceux qui adorent le catch old-school (les combats ont mal vieilli pour un public moderne, nourri avec du Matrix et du Jet Li), ces scènes de catch assez longues peuvent être intéressantes. Pour les autres, ces interruptions, étrangement placées par le scénariste, ralentissent considérablement l’intrigue. Néanmoins, c’est tellement évident qu’il est tout à fait légitime de se demander si ce n’était pas volontairement comique.
Si Santo sait se battre, il n’est pas très bon acteur. Il s’avère être doté d’un charisme évident, mais si son masque lui prête un certain mystique, il n’est pas assez doué pour communiquer les émotions nécessaires. La plupart de ses co-acteurs sont à la hauteur pour une production de cette envergure limitée, mais c’est surtout de ses scènes avec Claudio Brook que Santo sort perdant. Non seulement Claudio Brook incarne avec un enthousiasme évident sa propre version d’un Christopher Lee, mais il est plus grand que Santo d’au moins une tête, ce qui évidemment joue à son avantage (et oui, Santo est beaucoup plus petit qu’on n’aurait pu le croire).
Finalement, il faut dire que ce film a vieilli, mais pas plus que d’autres films de monstres de l’époque (surtout américains). Ceux qui aiment leurs créatures en noir et blanc, avec un maquillage pas trop convaincant, ne seront pas déçus. Ceux qui en plus sont fans de catch mexicain pourront se délecter de trois longues scènes de combat. Les autres peuvent simplement sauter ces scènes : sans vouloir ruiner la surprise… Santo remporte le championnat.


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- Article rédigé par : Tom Flener

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