chroniques-infernales

Satanachias

Un homme traverse terres hostiles et paysages vierges, affronte vents et marées afin de rencontrer le diable. Quand il y parvient, celui-ci lui demande d’affronter une année encore les hommes et leurs cités avant de revenir le voir, et d’avoir les réponses à ses questions.
La nature fait tomber sur l’humanité l’équivalent des 7 plaies d’Egypte avant de l’achever d’un coup de grâce ultime et cruel.
Un homme trouve enfin la tour noire et décide d’en gravir l’immense et interminable escalier afin d’avoir les réponses à ses questions.
Un asocial tente désespérément de fuir Megapolis, l’immense et terrifiante super cité moderne.

Christophe Lartas est un auteur breton âgé d’une quarantaine d’année. La Clé d’Argent a publié ses écrits dans 6 recueils de poésies et de nouvelles. SATANACHIAS est un recueil contenant quatre nouvelles au ton acide (on pourrait presque dire à la bile noire) s’attaquant à la modernité exubérante et écrasante de nos cités. L’on pourrait y voir une sorte de BLACK MIRROR littéraire. La série Black Mirror porte un regard assez sombre sur nos usages avec les écrans, internet et réseaux sociaux, s’attardant sur les dérives qu’on pourrait voir apparaître dans un futur très souvent glaçant. De l’anticipation comme en a fait Philip K. Dick mais adaptée à notre époque, et à nos usages, ce qui la rend tellement efficace et terrifiante. Et bien , SATANACHIAS parvient à avoir à la fois cette modernité et un regard sur l’humanité hors des âges.

Ainsi la vision de l’humanité est assez sombre, on y voit une humanité vagissante, assez semblable à de la vermine rampante, confinant à l’angoisse et à la folie par sa cruauté ou pire, son dédain pour le sort de ceux qu’elle écrase. A l’inverse, le diable et ses figures, comme la nature qui se rebelle dans la nouvelle Le Cycle (oh combien écologique), paraissent être des figures vénérables subissant l’homme et sa mégalomanie que décrit assez bien la nouvelle Marssygnac. A travers Le Cycle on voit le regard porté sur le traitement infligé à la nature en adéquation aux interrogations actuelles, un regard qui a un écho sarcastique rempli d’humour noir quand c’est la nature qui se venge. Comme en réponse, la Megapolis elle est la cité imprenable et inévitable, tentaculaire et étouffante, protéiforme et angoissante où il n’y a nul espoir d’échappatoire. Mais l’auteur porte un regard aussi noir sur ses héros qui ne méritent pas plus le salut que le reste de l’humanité.

Le ton et la vision sombre de l’humanité fait écho aux écrits de J. G. Ballard qui, notamment dans sa trilogie du béton, décrit la décadence de nos sociétés modernes. On pense aussi à l’acidité des écrits de Chuck Palaniuk, l’auteur de FIGHT CLUB, mais surtout on y retrouve la folie exubérante et dérangeante de William S. Burroughs avec sa vision très sombre de la dégénérescence de l’humanité dans les cités modernes, dans LE PORTE LAME.

Au cynisme et à l’esprit critique envers les sociétés actuelles, s’ajoute une touche de mysticisme et de spiritualité tournée vers le démon et ses représentations. Il n’est donc guère étonnant que le recueil s’achève sur un bel hommage très poétique à H.P. Lovecraft dans lequel Christophe Lartas montre son amour pour le maître de l’horreur moderne.
BLOC D’ETERNITE est écrit comme une supplique, comme une prière aux dieux anciens et immortels décrits par Lovecraft.

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