Satan’s Little Helper

Un texte signé Michaël Guarné

- USA - Jeff Lieberman
Interprètes : Katheryn Winnick, Alexander Brickel, Amanda Plummer

On aurait pu s’attendre à un énième film d’ados dans lequel un sadique tueur masqué sévit pendant Halloween. On aurait pu voir de nombreuses personnes se faire étriper car c’est la fête de la citrouille. Bref, on aurait pu s’attendre à ce que l’orange et le noir se voient vainement tâchés de rouge. Oui, on aurait pu s’y attendre…
Ce qui n’était pas prévu en revanche, c’est que ce bon gros B ultra jouissif s’assume pleinement et qu’on en redemande. Bien loin du film d’horreur pré-pubaire classique, Jeff Lieberman revient plus de dix ans après sa dernière réalisation pour nous servir une pure comédie noire. Une œuvre à la fois drôle, inquiétante voire malsaine, qui apporte un sacré bol d’air frais au genre. Douglas Whooly est un gamin de neuf ans obnubilé par un jeu vidéo intitulé Satan’s Little Helper. L’après-midi d’Halloween, tandis que sa sulfureuse sœur Jenna ramène son nouveau petit ami de l’université, Douglas, voyant ce dernier d’un mauvais œil, s’en va faire un tour en ville. Il rencontre alors un homme déguisé en Satan, le héros de son jeu préféré, et lui propose tout naturellement de devenir son suppôt. Première direction : la maison des Whooly…
Un pitch qui, a priori, ne paie pas de mine. Mais cette idée de base est si fabuleusement exploitée qu’il s’avère très difficile de ne pas y accrocher. De plus, l’histoire, vraiment bien ficelée, cache un fond hautement subversif. Ce n’est pas seulement l’Américain vivant dans ces quartiers résidentiels bien propres sur eux (genre EDOUARD AUX MAINS D’ARGENT) qui est visé, mais toutes les couches sociales d’un pays partant à la dérive malgré lui. Lieberman frappe très fort en montrant un môme qui, dans un premier temps, joue avec la mort sans même sans apercevoir. En effet, le jeune Douglas, trop convaincu de vivre son jeu, est incapable d’ouvrir les yeux sur la véracité des meurtres commis devant lui. Le réalisateur va encore plus loin quand le frère de Jenna donne consciemment la mort à l’aide de bonbons empoisonnés à une bande de gamins du coin. Ce n’est que bien trop tard qu’il se rend compte de l’authenticité des faits…
Si Lieberman a su diriger comme il se doit le débutant Alexander Brickel pour le rôle de Douglas, il ne faudrait pas pour autant que les performances de la radieuse Katheryn Winnick (vue dans HELLRAISER : HELLWORLD) et de la repoussante mais néanmoins excellente Amanda Plummer (quel sacré coup de vieux depuis PULP FICTION !), respectivement sœur et mère du mioche, passent à la trappe. Toutes deux sont dans leur monde et mettent elles aussi un bon bout de temps avant de comprendre ce qui se passe…
La photographie est un autre point fort du métrage. Les couleurs profondes, sombres, renforcent à merveille l’aspect dérangeant de l’œuvre. Car si on éclate de rire à plusieurs occasions, il faut avouer que les moments de tension sont également au rendez-vous. Il y en a un particulièrement efficace où le tueur fait un petit tour à la fête du château des environs accompagné de Merrill Whooly, la mère de Douglas. Tout le monde étant déguisé (on remarque au passage deux masques de Clinton et Bush dans la foule…), personne ne se rend compte que la soit-disante compagne de Satan est en fait en train d’étouffer. Une séquence redoutable où notre assassin s’en donne à cœur joie. On pense aussi à celle où le maître et son suppôt, à la sortie d’un supermarché, foncent dans des passants avec leur caddie. Un passage d’anthologie pour tout amateur d’humour noir, à la vue duquel handicapés, femmes enceintes et personnes âgées risqueront de rire jaune…
En bref, cette satire horrifiante est absolument grandiose. Certes, vous risquerez de ne pas accrocher si vous n’appréciez point que l’humour touche à des situations macabres et graves, comme la religion… Mais si ce n’est pas votre cas, alors foncez sur ce film sans hésitation !


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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