Série

Scream

La série SCREAM, produite par MTV, est désormais disponible sur Netflix. Créée par Dan Dworkin et Jay Beattie (MATADOR, KINGMAKER), elle s’inscrit dans une nouvelle vague de séries horrifiques lancée par l’anthologie AMERICAN HORROR STORY. La série SCREAM n’est pas la première à adapter une célèbre saga du cinéma d’horreur. Elle a été devancée par ASH VS EVIL DEAD produite par Sam Raimi ou encore UNE NUIT EN de Robert Rodriguez. Ces dernières ont été créées par le réalisateur du film originel lui-même, ce qui n’est pas le cas pour le SCREAM de Wes Craven, récemment décédé.

En ce qui concerne les personnages de la saga originelle SCREAM, aucun d’entre eux n’est repris pour la série. D’ailleurs, aucune évocation n’en est même faite. La série débute ainsi une page blanche, une toute nouvelle histoire. Et comme le démontre sa première saison, elle tend même à construire sa propre mythologie. Ainsi, c’est l’histoire d’une petite ville nommée Lakewood, le théâtre de meurtres brutaux vingt ans plus tôt. A l’époque, le meurtrier, qui portait un masque effrayant, avait été tué par la police. De nos jours, un imitateur de Brandon James s’en prend à la jeunesse dorée et impunie de la ville. Sa première victime n’est autre que la garce du lycée. Celle-ci s’amuse à filmer ses camarades en secret pour ensuite diffuser ces moments honteux sur YouTube. L’implacable punition n’est pas sans rappeler la mythique scène d’ouverture du premier SCREAM.

La série SCREAM rend naturellement hommage à la saga filmique. Ainsi, on retrouve (privilégier les verbes au présent et non pas au « faux » futur) la belle et plantureuse blonde assassinée avec cruauté. Est également de la partie le petit ami torturé sous les yeux de sa dulcinée. Mais c’est le geek, décryptant les codes du genre version 2015 qui sera rapidement soupçonné, référence à la saga oblige.
Ceci étant dit, la série s’éloigne rapidement des films. En effet, elle choisit de faire table rase et d’écrire sa propre histoire. Elle se rapproche également de la trame scénaristique très balisée des dernières séries fantastiques pour adolescents (LE CERCLE, VAMPIRE DIARIES, etc). Dans ces trames narratives, les erreurs des parents doivent être payées par les enfants. Ces derniers, pour survivre, devront dévoiler les honteux secrets parentaux, ainsi qu’au passage les leurs.
La série s’inspire également du concept d’une autre série pour adolescents à succès, GOSSIP GIRL, dans laquelle une vipère assassine publie les vilains secrets de ses camarades de classe sur la toile. L’aspect viral est ici repris, chaque vidéo balancée est notifiée sur tous les téléphones portables environnants.

La nouveauté, c’est l’utilisation du smartphone par le tueur. Des textos à Youtube, de WhatsUp à Facebook, tous les outils du bon tueur geek sont ainsi inlassablement exploités. Ces nombreux effets placent Internet et son voyeurisme au cœur de la série. Néanmoins, le tueur ne filmant pas ses crimes, la série ne va ainsi pas jusqu’à mettre des vidéos de victimes suppliantes sur la toile, contrairement à SCREAM QUEEN qui, elle, a eu l’audace de le faire. Il faut dire que, dans le crédo horrifique pour adolescent, ces deux séries se concurrencent férocement.

D’ailleurs, alors que SCREAM QUEEN se moque volontiers de ses personnages plus crétins les uns que les autres, SCREAM s’attache à dépeindre des personnages tout en nuance. Les mauvais garçons se révèlent n’être que des enfants effrayés. Les gosses de riches ne font que reproduire le schéma parental. Les geeks s’avèrent moins asociaux que ce que l’on s’imagine. Au final, la série reprend les clichés du genre pour mieux s’en éloigner et dresse un portrait plutôt intelligent de ses jeunes héros.

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