retrospective

Selle d’Argent

Roy Blood vous une haine féroce à la famille Barrett, et tout spécialement à son patriarche Thomas, lequel a causé le ruine et finalement la mort de son père. Alors, lorsqu’on lui propose d’assassiner Thomas Barrett, Roy Blood voit poindre l’opportunité de se venger. Mais surprise, le Thomas Barrett qui se jette dans le piège est un enfant d’une dizaine d’année. Roy Blood ne peut se résoudre à le tuer. Le jeune Thomas s’attache à notre héros, ce que ce dernier a bien du mal à accepter. Pourtant, aux fil des péripéties, ils apprendront tous deux à accepter l’autre et Roy remontera la fil de l’intrigue pour identifier qui de la jolie Margaret, actuelle leader des Barrett, de l’intendant Turner, du bandit Garrincha ou du vieux Thomas Barrett, sa nemesis qui semble cependant se repentir de ses anciennes exactions, est le coupable des tentatives d’assassinat à l’encontre du jeune Thomas.

1978, le western italien n’est déjà plus. Il a tiré ses dernières cartouches (MANNAJA, L’HOMME À LA HACHE, KEOMA), et il ne livrera plus que quelques rares productions les années suivantes. SELLE D’ARGENT fit partie de cette dernière salve. Pétard mouillé, du moins au box-office de l’époque, le film s’y ramassant et ne trouva d’ailleurs même pas grâce aux yeux des distributeurs français.
Lucio Fulci livre alors pourtant depuis quelques années de forts bon films, embrassant des genres aussi distincts que le film d’aventures familial (Croc Blanc) ou le giallo, mais sans grands succès commerciaux. Il va pourtant bientôt triompher avec L’ENFER DES ZOMBIES mais n’a donc à l’époque encore pas encore vraiment percé populairement.

Il a déjà œuvré à plusieurs reprises et sans démériter dans le western italien : LE TEMPS DU MASSACRE bien entendu, en plein âge d’or, et le tout aussi intéressant LES QUATRE DE L’APOCALYPSE, livré lui en 1975, dissonant avec un genre qui se meurt alors dans la parodie.

SELLE D’ARGENT cherche encore ailleurs : il ne se veut ni sombre ou amoral comme le furent tant de productions de l’âge d’or du western italien, ni comique comme la vague survenue à partir de 1971. On le rapprochera plutôt dès lors des westerns européens tels qu’ils s’en produisaient avant Sergio Leone, de ceux qui n’ayant que faire de la mythologie américaine et n’ayant pas encore constitué une identité propre cherchaient à divertir l’audience par se séries B d’action. Et ce n’est pas déméritoire pour autant : en l’état, SELLE D’ARGENT est un bon petit western d’aventure, mais qui ne relève en rien des grandes œuvres crépusculaires qu’on pourrait attendre d’un réalisateur qu’on connait sous nos latitudes mieux dans son versant désespéré.
Pour tout dire, c’est moins un Lucio Fulci qu’un Giuliano Gemma, lequel apporta le film au réalisateur. Gemma incarne le volet plus positif du western à l’italienne, celui du héros propre et moral, occulté par le western des mal rasés, des anti-héros crapuleux ou cyniques. Pourtant, on ne peut oublier ainsi que tout un pan du western italien préfèra un héros « classique », sans (trop) de recoins obscurs. Ainsi furent les protagonistes campés par Giuliano Gemma.

Il n’est que de voir ici Gemma mettre en sourdine son désir de vengeance à l’encontre des Barret, Ray Blood prenant le jeune Thomas sous son aile sans trop réchigner. Et tout le film déroule ainsi un propos moral marqué qui voit les méchants punis de leurs mauvaises actions.

Mais pour autant, s’il ne rejoint les pas cimes du meilleur de la production transalpine, SELLE D’ARGENT se laisse pourtant regarder sans déplaisir : Lucio Fulci a du métier, les péripéties s’enchainent, les gunfightent abondent. Giulianno fait du Gemma avec cascades, culbutent et belle gueule.

Le scénario convoque tous les décors du genre : le cimetière, le bordel, la mission catholique, le ranch, les grands espace d’Almeria… euh d’Amérique. Toujours très cinégéniques, ces derniers sont un régal pour les yeux.

Fulci se laisse deviner de ci de là (on voit les impacts de balle dans les visages, un enfant se fait fouetter, Garrincho qui lâche que « toutes les femmes sont bêtes »…). Si le tonalité positive du film déconcerte un peu le spectateur francophone, c’est que les réalisation de Fulci sont sous nos latitudes majoritairement celles de sa deuxième partie de carrière où le ton se fait sombre. Mais Lucio Fulci aura livré dans les années ’60 une bonne vingtaine de films qui furent essentiellement des comédies et parfois de l’aventure. Que ce pan de sa filmographie nous reste relativement méconnu (surtout le volet comique) ne doit pas nous faire oublier que Fulci pouvait donc travailler divers genres.

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