retrospective

Sentence de mort

Cash (Robin Clarke) veut venger son frère, assassiné par 4 bandits…
Encore un film de vengeance ! Et oui, rien d’étonnant puisqu’il s’agit de l’un des thèmes de prédilection du western italien, comme du cinéma d’arts martiaux d’ailleurs. C’est vrai qu’à lire un résumé aussi sommaire que celui-ci, le spectateur blasé se dira certainement : « quel intérêt aurais-je à regarder cette nouvelle version d’un sujet aussi rebattu ? » Bien sûr, la question est légitime, mais il ne faut jamais oublier l’une des règles d’or du cinéma de genre. Tous ces films racontent souvent la même histoire, usent des mêmes recettes, et leur intérêt parfois profond vient plutôt de la façon dont tous ces éléments sont agencés et réutilisés. Il est naturel que les oeuvres innovantes à 100% (sur le fond comme sur la forme)soient rares et fassent figure de coups de génie. Au fonds, cela n’a que peu d’importance, car le connaisseur de cinéma populaire apprécie l’art du réalisateur qui consiste dans la variation. Ainsi est-il légitime d’aimer des films de vengeance comme BLACK JACK, AVEC DJANGO LA MORT EST LA ou IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST, radicalement différents dans leur traitement de la vengeance.
SENTENCE DE MORT, unique western de Mario Lanfranchi, offre une belle brochette de méchants. L’une des plus belles, comme le SHANGAI JOE de Mario Caiano. Pensez un peu : l’américain Richard Conte, avant de passer au polar spaghetti, le très classe Enrico Maria Salerno, futur flic incorruptible dans le même genre et voix italienne de Clint Eastwood, Adolfo Celi en pasteur assassin, inoubliable bad guy d’OPERATION TONNERRE et DANGER DIABOLIK, et enfin, l’incroyable Thomas Milian. Un Milian jamais aussi bon qu’en méchant , qui joue ici un dingue albinos d’une nervosité extrême. Il faut le voir pour le croire !
Les 4 tueurs sont remarquablement mis en valeur. Ils ont en effet tous droit à de longues interactions avec le héros vengeur à travers des dialogues souvent brillants qui campent fort bien les personnalités en présence.
Le héros, qui veut venger un frère autant gibier de potence que ses assassins, est interprêté par un Robin Clarke aux faux airs de Steve Mc Queen. C’est un héros très froid, sûr de lui et peu attachant (moins qu’un bandit comme Richard Conte, qui s’est acheté une conduite et désire vivre en paix!). Il a une façon bien à lui d’entrer en contact avec les 4 tueurs. Une approche indirecte, comme s’il jouait au chat et à la souris avec eux. Un jeu évident lorsqu’il parcourt le désert avec un Conte assoiffé, mais plus subtil aussi lorsqu’il ouvre une banque ( !) dans un coin paumé pour attirer Milian…
SENTENCE DE MORT passionne par ses méchants davantage que par son héros. Malgré un flash-back sur la mort du frère, on n’est jamais impliqué dans cette vengeance, on reste trop en retrait et c’est bien dommage. Mario Lanfranchi a une façon de réaliser bien à lui. Le rythme est lent, de nombreuses ellipses très originales font avancer le film par à-coups, ce qui est curieux et peut décontenancer. Le film adopte une structure très simple : 4 parties seulement liées entre elles par la présence du héros, une par méchant à abattre.
SENTENCE DE MORT a un style intéressant, peut-être unique, qui donne beaucoup d’espace aux 5 personnages principaux, moins sommairement dessinés qu’ailleurs. Dommage qu’il lui manque ce « plus » qui rend un film enthousiasmant ou émouvant…

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