retrospective

Sex Wars

Si le cinéma pornographique est devenu ces dernières années bien fade, voire indigeste, il fut un temps où celui-ci savait se montrer drôle et imaginatif. Il se permettait toutes les audaces, sans retenue, jusqu’à parodier les genres cinématographiques à succès. La science-fiction n’a pas échappé à la règle, bien évidemment, ce qui a permis à un public initié à la « science-friction » de découvrir des œuvres aux titres évocateurs. Parmi celles-ci, citons les fameux ALPHA BLUE de Gerard Damiano et CAFE FLESH de Rinse Dream, 2002 : A SEX ODYSSEY, STAR VIRGIN ou encore ULTRA FLESH dont l’affiche parodiait sans honte le E.T. L’EXTRA-TERRESTRE de Spielberg, sans oublier la comédie érotique FLESH GORDON qui, sans être un film pornographique, comportait toutefois quelques plans X habilement relégués en arrière-plan de certaines scènes.
Le résumé de SEX WARS donne d’emblée au film un capital sympathie et une envie irrésistible de le découvrir. L’action se déroule dix-mille ans après la guerre du sexe qui détruisit la planète Tyros (qui se trouve dans le système solaire de Lesbos, pour ceux qui l’ignoreraient). Il apparaît que depuis un bon moment, des navettes spatiales disparaissent sans laisser de traces. Dans un premier temps, la princesse Orgasma (toute ressemblance avec Leia Organa serait fortuite et involontaire, quoique…) part dans une mission de reconnaissance, mais elle disparaît à son tour. En apprenant la nouvelle, sa sœur, la princesse Layme, embarque elle aussi sur un vaisseau pour partir à sa recherche. Mais elle a besoin d’un équipage (masculin, de préférence).
SEX WARS a été réalisé par un cinéaste dont le nom pourrait être aussi parodique que le film, l’homme en question s’appelant Bob Vosse. Bien sûr, ce dernier n’entretient aucun lien avec le légendaire chorégraphe et metteur en scène Bob Fosse, bien que les deux hommes partagent le point commun d’être nés tous deux en 1927. Pour le reste…
Bob Vosse (décédé en 1999) a bâti sa carrière autour du cinéma pornographique, bien qu’on lui doive également la séquence d’ouverture de la série TV HAWAÏ, POLICE D’ETAT (1968). On commence à parler de lui au début des années ’80 lorsqu’il met en scène plusieurs volets de la série SWEDISH EROTICA. A la fin de cette même décennie il tourne une autre série, mettant en vedette le personnage de Debbie (DEBBIE GOES TO HAWAÏ, DEBBIE FOR PRESIDENT…) incarné par l’actrice Alicia Monet. Ses longs métrages seront pour le plus souvent filmés en vidéo, notamment durant les années ’90, époque où il parodie la série BAYWATCH (ALERTE A MALIBU), transformée en BABE WATCH. En fin de carrière, il croisera JOE D’AMATO lors du tournage d’ESCLAVES AU HAREM.
Au niveau du casting, on appréciera la très belle silhouette de Robin Cannes, dans le premier rôle féminin, celui de la princesse Layme. L’actrice fait partie de la génération Traci Lords, qui fut d’ailleurs sa partenaire en plusieurs occasions (WE LOVE TO TEASE, entre autres). Quant à Laurie Smith, qui joue Orgasma, on a pu la voir dans bon nombre de X jusqu’à la fin des eighties où elle disparut définitivement des écrans. A noter enfin la présence, toujours au rayon féminin, de la ravissante Mai Lin (PRISONER OF PARADISE).
Chez les hommes, on reconnaîtra quelques acteurs récurrents du genre, parmi lesquels l’infatigable Paul Thomas, acteur/producteur/réalisateur à la filmographie impressionnante, Richard Pacheco (INSATIABLE) ou encore Billy Dee.
Visionné de nos jours, SEX WARS apparaît évidemment daté mais conserve un côté kitsch attrayant, avec notamment les passages dans ce qui ressemble fort à la Cantina de STAR WARS, mais en version adulte, intégrant à la fois des personnages costumés et grimés de façon « exotique », se trémoussant sur une piste de danse improvisée ou discutant autour d’une table, et quelques shows hardcore où une jeune femme se montre particulièrement habile dans l’art de la fellation, ce ne sont pas les deux partenaires de la demoiselle (vidés dans tous les sens du terme à la fin du spectacle) qui affirmeront le contraire.
On ne manquera pas de sourire, enfin, devant les effets spéciaux bon marché, qu’il s’agisse des tenues des spationautes, des décors de la planète Tyros (ah, ces stock-shots d’éruptions volcaniques) et surtout du vaisseau spatial, à la forme improbable et dont on voit les ficelles servant à le maintenir en l’air. Les scènes de sexe, quant à elles, sont particulièrement réussies (n’est-ce point le principal d’ailleurs ?), notamment celle où un pilote est « sexuellement torturé » (eh oui, c’est possible) par trois amazones du maître de Tyros. Et puis, on attribuera une mention spéciale à 4-Q, le droïde pétomane, histoire de finir sur une touche de bon goût.

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