Sexy battle girls

Un texte signé Patryck Ficini

Japon - 1986 - Mototsugu Watanabe
Interprètes : Kyoko Hashimoto, Ayumi Taguchi, AYu Kiyokawa, Jimmy Tsuchida, Masaki Watanabe

Pour venger son père, abandonné par sa femme au profit d’un directeur de lycée pervers et proxénète, la jeune Mirai infiltre l’établissement scolaire, prête à défaire la ceinture de chasteté qui abrite son arme la plus terrifiante !
A voir SEXY BATTLE GIRLS, le pink eiga pourrait être qualifié de porno soft, sans que le terme soit pour une fois galvaudé.
Peu en commun avec les sous 9 SEMAINES ET DEMI de Joe D’Amato qui, dans les années 80, étaient souvent affublés de ce terme ambigu. Comment pourrait-on étiqueter sérieusement « porno » un simple érotique ?
Par ailleurs, en quoi une œuvre pornographique pourrait-elle être « soft », puisqu’elle est par nature démonstrative, avec son lot de gros plans et de détails salaces non simulés ?
Le pink eiga pourrait correspondre à la définition : compte-tenu de la censure japonaise, c’est moins hard qu’un X occidental, les scènes sont en grande partie jouées… Mais, en même temps, cela peut être assez explicite et craspec, deux caractéristiques courantes de la pornographie présentes dans SEXY BATTLE GIRLS, avec une volonté manifeste de ne rien cacher des sécrétions sexuelles, féminine ou masculine. Les bouches ou les visages peuvent s’y baigner avec complaisance. Deux fellations contraintes sont dévoilées… même si réalisées sur des membres tout aussi factices et à vrai dire caoutchouteux. On est très loin des fameux films ou téléfilms du soir de M6 ou W9, qui n’en montrent jamais autant !
SEXY BATTLE GIRLS est donc à la croisée des chemins. C’est aussi une petite série Z (1 heure !) folledingue et inclassable, qui parodie une série TV nipponne à succès de l’époque. La parodie est un élément fondamental de nombre de pornos. C’est apparemment le cas aussi avec les pink eigas. Ceci dit, même sans rien connaître de la série T.V originale (qui évoque un peu un JUMP STREET pop), on peut prendre SEXY BATTLE GIRLS comme un film trash à part entière, sans que cela nuise au plaisir éprouvé.
Au-delà des nombreuses et longues scènes de sexe, SEXY BATTLE GIRLS est aussi un gros délire qui mêle vengeance et sévices dans un lycée.
Le lycée, avec son cortège de jeunes filles en uniformes et de profs obsédés sexuels, est l’un des grands terrains de jeux de l’exploitation japonaise, notamment dans les hentaï horrifiques comme BIBLE BLACK ou UROTSUKIDOJI. Quelque part, à travers les abus sexuels dans l’enceinte de l’établissement, on peut lire aussi une critique du pouvoir et de ses inévitables dérives. L’institution scolaire, comme les flics, les politiciens ou les gardiens de prisons des SCORPION/SASORI, représente une forme d’arbitraire au service des seuls bas instincts des ses représentants. D’ailleurs, le seul détective et les hommes politiques de SEXY BATTLE GIRLS sont aussi des salopards. Difficile de dire s’il faut toujours voir une signification idéologique dans les réalisations japonaises, comme chez l’engagé Koji Wakamatsu. Peut-être s’agit-il la plupart du temps d’un expédient commode pour verser dans le sexe violent perpétré par des méchants facilement désignés.
Kyoko Hashimoto, l’une des reines du genre, est superbe du haut de ses 22 ans. Pour venger son père, elle use d’une sorte de bilboquet sexuel ( !) qui évoque aussi les boules-gadgets du croque-mort des PHANTASM. Encore plus fou que la guillotine volante de Wang Yu, l’instrument provoque la jouissance de ses ennemies qui, visées entre les jambes, ne peuvent que s’abandonner.
Pas mal aussi la délinquante qui use de « stylos ninjas » qu’elle balance comme des shurikens !
La cerise sur le gâteau reste cependant le sexe castrateur de Miraï, jamais montré mais d’une efficacité redoutable. Le directeur grotesque et sadique du lycée (miroir de celui du pénitencier des SCORPION) en fera les frais, tout comme un plus innocent professeur au début du film. Le thème du vagin dangereux ou denté est un petit classique : citons la comédie adolescente américaine TEETH ou le japonais KILLER PUSSY. Associé à l’une des plus grandes peurs masculines (la perte de la virilité), ce concept fantastique permet de mêler sexe, sang et monstruosité. Sans aucune prétention intellectuelle ou mythologique dans le film de Mototsugu Watanabe, on s’en doute !
Si elle ne vengeait pas l’honneur bafoué de son père, notre héroïne semblerait tout droit sortie d’un Rape and Revenge. Les détraqués sexuels seront punis… par là où ils ont péché !


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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