Shadow Puppets

Un texte signé André Quintaine

USA - 2007 - Michael Winnick
Interprètes : Jolene Blalock, James Marsters, Marc Winnick, Diahnna Nicole Baxter, Natasha Alam

Une bonne demi-douzaine de protagonistes se réveille en sous-vêtements dans les cellules d’un complexe souterrain. D’abord isolés, ils vont finir par se regrouper pour tenter d’élucider le mystère qui les a réunis là. Mystère d’autant plus obscur qu’aucun d’entre eux n’a gardé le moindre souvenir, En effet, ils souffrent tous d’amnésie aiguë !
SHADOW PUPPETS est un nouveau film qui cherche à se placer sur le marché des sous-produits de CUBE. L’avantage avec ce sous-genre, c’est que l’on peut faire un film à moindre coût. Les extérieurs sont facultatifs (les survivants s’aventureront néanmoins au dehors lors du final) et les décors peuvent être réduits au minium. Mais il faut faire attention car, à trop vouloir faire des économies, vous pouvez vous voir taxer de pingrerie. Vous risquez alors fort de sombrer dans les travers des sous-produits « cubesques » : celui de finalement mettre en scène un film de couloirs !
Malgré ses décors réduits à l’extrême, SHADOW PUPPETS parvient à éviter ce malheureux statut. En laissant beaucoup de place à l’interaction entre les personnages et en ponctuant chaque prospection par des endroits quelque peu insolites qui laissent planer le doute sur le lieu même où nous nous trouvons (piscine, cellules pour personnes dangereuses, vestiaires…), le film évite avec brio la répétition et l’ennui.
Au fur et à mesure que l’on visite les lieux, on découvre de nouveaux personnages, plus charismatiques que pétris de clichés. Malgré leurs différences, on apprend à les apprécier, ce qui est d’autant plus aisé que le film ne joue pas la carte de l’opposition entre chacun de ces caractères. Menés par l’un des personnages forts, ils vont très vite collaborer les uns avec les autres pour essayer de se sortir d’affaire. Du coup, plutôt que de nous asséner les tensions habituelles au sein du groupe, l’intrigue s’avère plus constructive et moins redondante. La plupart des rôles sont tenus par des acteurs issus de la télévision, et il est vrai que la présence de Tony Todd apporte du coup un petit déséquilibre dans le casting, déséquilibre qui n’est pas gênant, justement parce que le film ne joue pas sur les oppositions entre les personnages.
Si SHADOW PUPPETS est plutôt réussi dans sa mise en scène et dans son déroulement, reste à savoir ce qu’il apporte concrètement au genre. Là, les choses sont malheureusement un peu différentes. L’originalité est concentrée à l’épisode de la grande révélation finale, mais ne fait aucune autre incursion durant le métrage. Le gore est absent, et les morts sont violentes, mais hors champs. La créature n’inspire aucune fascination, tellement elle transpire le CGI. Seul l’érotisme est plutôt sympathique avec ces jeunes femmes en sous-vêtements durant quasiment l’intégralité du métrage.
Mais cette maigre consolation ne nous empêche pas de penser que, finalement, SHADOW PUPPETS, c’est un peu du vent, à l’image de ses effets spéciaux uniquement numérique. En fin de compte, c’est le mystère entourant la condition de nos héros qui fait tenir le film sur sa durée. Un mystère parfaitement entretenu et relancé tout au long des 90 minutes du métrage. C’est une belle prouesse technique à laquelle nous convie Michael Winnick. SHADOW PUPPETS est tout à fait distrayant. Néanmoins, il ne fait que « tuer le temps ». Sitôt vu, le film est oublié et l’on n’y reviendra pas, car toutes ses cartes sont abattues une fois l’énigme révélée.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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