Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Corée - 2005 - Young-jun Kim
Titres alternatifs : Muyeong geom
Interprètes : Hyeon-jun Shin ; So-yi Yoon ; Seo-jin Lee ; Ki-yong Lee.

asian-scans

Shadowless Sword

SHADOWLESS SWORD constitue le second long-métrage de Kim Young-Jun et, à l’image du précédent (BICHUNMOO), il s’agit d’un Wu Xia Pian. Etrange qu’un film coréen s’inscrive ainsi dans une tradition cinématographique que l’on pensait naguère typiquement chinoise.
L’intrigue, assez simple (ce qui change de nombreux métrages coréens difficilement abordables pour les Occidentaux), se déroule en 926 alors que le royaume de Balhae est menacé par de méchants envahisseurs qui souhaitent s’emparer du pays. Pour contrer cette invasion il importe de remettre un roi sur le trône mais tous les prétendants sont morts, excepté un jeune prince qui s’est retiré dans un coin perdu. Une course s’engage entre une jeune épéiste et une troupe de tueurs afin de ramener l’héritier du royaume.
SHADOWLESS SWORD est donc un métrage au scénario convenu qui reprend les conventions de nombreux titres du même style (on a l’impression d’avoir déjà vu ça une dizaine de fois chez la Shaw Brotehrs) en essayant de rendre l’action plus moderne. Ce souci d’intéresser un public plus large passe donc par des chorégraphies câblées et spectaculaires, à présent familières depuis le succès de TIGRE ET DRAGON pour ne citer que le représentant le plus connu du « nouveau Wu Xia Pian ». Les combattants font donc des bonds gigantesques, semblent marcher dans les airs et se lancent dans des duels très esthétiques, servis (ou desservi selon les sensibilités) par un montage rapide privilégiant les plans courts et une caméra collant au plus près des acteurs. Evidement, ces derniers n’étant pas d’authentiques pratiquants martiaux, le cinéaste supplée ainsi à leur inexpérience et offre des combats enthousiastes qui se regardent avec plaisir.
Les scènes de batailles riches en figurants et parfois bien sanglantes sont elles aussi impressionnantes et le budget sans doute conséquent permet à Kim Young-Jun de mettre en scène quelques passages spectaculaires. La beauté des décors et des costumes constitue certes un point positif mais ne suffit pas réellement à sauver l’entreprise.
Car, malheureusement, si SHADOWLESS SWORD offre de bonnes séquences d’action, il faut avouer que le métrage dans son ensemble peine à passionner le spectateur. Les interprètes ne sont pas toujours très convaincants ni concernés par leur rôle et le tout manque franchement d’émotion. Sans beaucoup de charisme, les acteurs ne parviennent pas à transcender cette histoire sans doute trop simple et trop étirée (près de deux heures !) dont le romantisme tombe souvent à plat. Même si les deux protagonistes principaux bénéficient d’un minimum de développement leur caractérisation reste sommaire et manque de véracité. Sans doute sont-ils trop simplement trop lisses, trop gravures de mode, pour vraiment convaincre. Et leur romance se révèle bien trop prévisible et gnan gnan pour susciter l’intérêt même si la beauté de l’actrice principale demeure un attrait pour le spectateur mâle.
Au final SHADOWLESS SWORD présente les mêmes travers que BICHUNMOO et constitue au mieux un joli livre d’images désespérément vides qui se regarde distraitement mais s’oublie rapidement.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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