retrospective

Shanghai Express

Samo Hung est tout de même un drôle de bonhomme. Déjà son physique, rondouillard semblant dénué de la moindre souplesse, est en totale contradiction avec ce qu’il est vraiment. Complice de Jackie Chan, Samo possède une agilité semblable à celle d’un singe. C’est également un combattant de grand talent, capable de donner aussi bien dans les bagarres cartoonesques (WHEELS ON MEALS) que dans la violence (CONDORS COMMANDO). SHANGAÏ EXPRESS est un peu des deux en fait.
Un jeune hors-la-loi nommé Chen est poursuivi depuis déjà fort longtemps par un chasseur de prime. Les deux hommes se connaissent bien et ne manquent jamais une occasion de se piéger l’un l’autre. Fong parvient une nouvelle fois à échapper à son poursuivant.
Dans un autre lieu, on assiste au départ du SHANGAÎ EXPRESS, un train qui relie la ville de Shangaï aux grandes métropoles. Ce qui permet à Samo Hung de broder toute une série de petites scènes sur la populace variée et hétéroclite du train : mandarin fortuné accompagné de son épouse, deux maîtres d’arts martiaux qui se détestent, des marchands, des bandits préparant un mauvais coup. Durant sa première escale le train déraille en pleine campagne, tout près d’un village. Chen en est responsable, son village natal étant devenu morne, déprimant, sans vie, il désire le faire revivre par l’arrivée de la population du train. Les passagers, obligés malgré eux de faire halte investissent les rues du village, les hôtels. Par volonté de vouloir recréer une atmosphère de vie urbaine, Chen amène même quelques prostituées.
Après s’être violemment battu avec le chef de la police (le toujours très efficace Yuen Biao), peu enclin à ses agissements, Chen décide de partir. Se ravisant finalement, il revient au village pour retrouver une de ses amies dont il est tombé amoureux. Entre temps, des bandits ont pris en otage toute la population. Aidé par le chef de la police, le chasseur de prime qui le poursuivait et quelques malfaiteurs repentis, Chen va délivrer le village et mettre hors d’état de nuire les bandits.
C’est justement dans les vingt dernières minutes que SHANGAÏ EXPRESS explose vraiment. Les protagonistes s’adonnent à des bagarres apocalyptiques avec un maximum de cascades physiques très douloureuses. Parmi toutes ces remuantes séquences, on peut voir Yuen Biao accomplissant de spectaculaires envolées acrobatiques. Mais c’est surtout le combat entre Samo Hung et Cynthia Rothrock qui emporte l’adhésion. Ce fabuleux moment alterne autant l’humour que la violence. Humour lorsque Samo imite Bruce Lee un bref instant. Violence quand Cynthia Rothrock fait pleuvoir une avalanche de coups sur son adversaire. Entre le gros Dragon et la blonde furibarde l’entente semble avoir été parfaite.
“Samo a un self-contrôle extraordinaire. Lorsqu’on tournait un combat tous les deux, on ne faisait pas deux prises. Le résultat était parfait parce qu’il était très sûr de lui et jamais je n’ai eu peur qu’il me blesse. Alors c’est génial de tourner avec lui. Il est aussi le seul acteur à avoir tourné avec Bruce Lee et Jackie Chan” (interview extrait de la cassette documentaire ” Les plus beaux combats d’arts martiaux du monde “).
“Cynthia est une fille formidable. C’est une véritable experte en arts martiaux chinois bien qu’elle soit étrangère. Ses mouvements sont beaux et précis”.
On remarque également l’Australien Richard Norton dans le rôle de l’un des bandits. Cet acteur de presque deux mètres n’est autre que le mari de Cynthia Rothrock. On imagine aisément les scènes de ménage de ce couple de karatékas. Richard Norton a commencé sa carrière depuis déjà une quinzaine d’années. Il a travaillé avec Chuck Norris sur le médiocre OCTAGON. On a pu les voir dans des séries B comme FORCE 5 de Robert Clouse. Il a joué dans un bon nombre de séries Z en Indonésie ou aux Philippines. Les plus corsées sont certainement celles de Cirio Santiago et Anthony Maharaj. Mais ses meilleures prestations restent sûrement les deux affrontements contre Jackie Chan. Le premier dans TWINKLE TWINKLE LUCKY STARS qui est indéniablement la seule scène valable du film, le second dans le délirant CITY HUNTER (du réalisateur de HIGH RISK).
En dépit de quelques lourdeurs, SHANGAÏ EXPRESS bénéficie d’un burlesque très inventif.
Le génie de Samo Hung est d’avoir mélangé les diverses petites histoires du début pour arriver à des situations proches d’un vaudeville hilarant. Pourtant, avec l’acteur Richard Ng on pouvait s’attendre au pire, vu ses précédentes prestations mongoloïdes. Erreur ! Il joue dans les scènes les plus drôles du film, comme par exemple la scène où il invente une histoire abracadabrante pour sauver son ménage. On sourit aussi lorsque Yuen Biao sauve une fille coincée sur le toit d’une maison en feu. Il demande une échelle pour la jeune fille, puis une fois qu’elle est sauvée on se dit qu’il va rappeler l’échelle pour lui… Mais non ! Au lieu de ça, il se laisse tomber du toit et se réceptionne sur le dos.
SHANGAÏ EXPRESS s’offre une intéressante réflexion sur la déshumanisation des villages en campagne. Il suffit de voir le début du film pour s’en rendre compte. Le village est sans vie, déprimant. Tous les habitants revivent un peu lors d’un incendie mais ça ne va pas plus loin.
Chen en est parfaitement conscient. Pour se racheter des ses activités de hors-la-loi, il va ramener tous les éléments propres à une ville : la population dans les rues, les hôtels, des prostituées, etc…
Mais SHANGAÏ EXPRESS est surtout un film d’action et d’aventure, et dans ce domaine les chinois sont les meilleurs.

Share via
Copy link