She-Wof of London

Un texte signé Sophie Schweitzer

Vivant à Londres, Phyllis Allenby est une jeune et séduisante héritière sur le point de se marier. Mais ce bonheur est bientôt compromis par une série de meurtres brutaux perpétrés dans un parc situé juste à côté de sa résidence. Les cadavres lacérés évoquent chez la jeune femme le souvenir de la malédiction pesant sur sa famille. Persuadée d’être une louve-garou, les traces de boue qu’elle retrouve sur ses souliers et au bas de sa robe de chambre la poussent à s’enfermer chez elle avec pour seule compagnie sa gouvernante, qu’elle appelle affectueusement tata et qui, sous couvert de la protéger, empêche son fiancé de venir la voir. L’isolement et les meurtres continuels l’emmènent progressivement vers la folie tandis que son fiancé tente de mener l’enquête.

Sorti en 1946 par Universal, il fait partie des derniers films de monstres produits par le studio. SHE-WOLF OF LONDON, originellement titré The Curse of the Allenbys, est un métrage à l’atmosphère fantastique et brumeuse mais qui s’avère être plutôt un thriller gothique. Le fantastique est à bout de souffle, les monstres ont eu leur heure de gloire, et après d’innombrables suites, les studios cesseront de produire des films de monstres pour préférer adapter des romans policiers d’Edgar Allan Poe, des films de savants fous et puis, dans les années 40 et 50, de nouvelles monstruosités.

Dernier film de monstres, dernière suite, SHE-WOLF OF LONDON fait croire par son titre et son affiche qu’il s’agit d’une suite de THE WOLF MAN alors que l’image du loup-garou ne plane que sous la forme d’une menace intangible. Très vite, on comprend que seul le policier fantasque et la jeune Allenby croient en cette créature fantastique. C’est une légende, et dans notre cas, un mysticisme provoqué par un complot. Phyllis n’étant qu’une victime, ce que le film nous dévoile rapidement par son caractère innocent et naïf. Et c’est cela que le métrage évoque : l’ambiance ainsi que les trames narratives de romans gothiques. Notre jeune héroïne abusée et trompée, se retrouve cruellement impressionnée, amenée aux portes de la folie. Thématique intéressante par ailleurs mais qui n’est malheureusement que survolée.

Le métrage est relativement court, 61 minutes, et met du temps à se mettre en place. Très classique dans la forme autant que dans le fond, il est néanmoins assez subtil. Les actrices n’en font pas trop, et le réalisateur s’amuse à projeter la culpabilité sur chacune d’elle semant le doute chez le spectateur. Le film n’étant en fait qu’un whodunit, car la machination est rapidement dévoilée, du moins, suspectée. La trop grande naïveté de l’héroïne en est la cause. On peut reprocher au film ce défaut, l’héroïne manque de caractère sans doute. Cependant, le métrage apporte une touche gothique pas déplaisante et présente un certain intérêt par la cruauté gratuite des meurtres ou encore l’aspect tortueux du complot. Tout cela aurait mérité d’être développé.

SHE-WOLF OF LONDON n’en est pas moins un bon petit film, avec une atmosphère gothique comme on les aime.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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