Un texte signé Claire Annovazzi

Hong-Kong - 2017 - Herman Yau
Titres alternatifs : Chak daan juen ga
Interprètes : Andy Lau, Jiang Wu, Song Jia

asian-scans

Shock wave

Cheung, un démineur de la brigade hongkongaise, est en mission d’infiltration parmi un gang de cambrioleurs qui n’hésitent pas à user d’explosifs durant leurs méfaits. Au cours de leur dernier exploit, il parvient à faire arrêter une partie du gang, y compris le frère du chef Peng Hong. Mais celui-ci est bien décidé à se venger. Un an plus tard, quand une bande armée prend en otage des dizaines de véhicules et leurs passagers dans un tunnel de la ville, menaçant de tout faire exploser, Cheung se doute que son ennemi juré est de retour, et une lutte acharnée commence entre les deux hommes.

Le réalisateur de ce film d’action épique, Herman Yau, est un contributeur régulier au cinéma de la péninsule chinoise, et en particulier à son cinéma de genre, par ses apports aux films de catégorie 3 qui restent des fleurons du genre—THE UNTOLD STORY (1993) ou son remake EBOLA SYNDROME (1996)—ou à la prolifique série de films comédico-horrifiques TROUBLESOME NIGHT (de 1997 à nos jours). S’il s’éloigne ici de la terreur à peu de frais, il n’oublie pas ses origines et ponctue son blockbuster de scènes particulièrement gores.
Mais le vrai père du film est la superstar Andy Lau, qui en est l’acteur principal et le producteur—et ce bien que le projet ne l’incluait pas dans sa première mouture concoctée par Yau. Devenu une sorte de Tom Cruise asiatique, le chanteur/acteur/producteur a fait partie intégrante du processus de création et n’a ménagé ni ses efforts ni sa personne. Effectuant presque toutes ses cascades, il s’implique dans son personnage de Cheung comme le perfectionniste qu’il est. Malheureusement, il a plus de mal à impliquer le spectateur.

Ici, les personnages sont rarement plus que des stéréotypes, ou plutôt des fonctions—le démineur, le terroriste, la fiancée, le meilleur copain… Il est alors très difficile de s’identifier et de ressentir quelque empathie que ce soit pour eux. Mais le film n’en pâtit pas vraiment, parce que là n’est pas le propos.

C’est avant tout une histoire d’héroïsme et de sacrifice. Les créateurs voulaient-ils rendre hommage spécifiquement à la brigade de déminage, ou SHOCK WAVE est-il destiné à célébrer toutes ses professions au service du public pour lesquelles des travailleurs consciencieux risquent leur vie tous les jours ? Toujours est-il qu’à travers Cheung et son dévouement, c’est l’héroïsme quotidien qui est mis à l’honneur. Pour autant, ses conséquences ne sont pas passées sous silence. Syndrome post-traumatique, drames familiaux, isolement, tout y est. Choisir de telles professions n’est pas sans risque, ni sans peine.

Et pour mettre en image le courage et l’abnégation, Yau et Lau ont mis les petits plats dans les grands. Ne pouvant bloquer plusieurs jours—et nuits—de suite un des tunnels menant de la péninsule à une des îles qui composent la région de Hong Kong, ils ont recréé grandeur nature un segment de tunnel afin d’y réaliser les scènes de prise d’otage, ainsi que quelques cascades automobiles. Cela n’en rend les séquences d’action que plus réalistes. Car dans l’ensemble, le souci de réalisme est resté présent à l’esprit du réalisateur. Cela vire parfois à l’explication scolaire, comme cette scène de présentation du métier de démineur et des différents explosifs auxquels ils sont confrontés, à laquelle fera écho celle du sauvetage de la fiancée.
La caméra navigue entre des plans larges en extérieur et des cadrages plus intimistes dans les lieux clos. Elle est même parfois au ras du sol dans le tunnel pour faire naître la sensation d’écrasement. Aucune surprise ici dans la mise en scène, la caméra nous montre toujours ce que l’on doit voir et rien ne se passe hors champs. Il ne manquerait plus qu’on rate une action dans un film d’action.

Ça crie, ça explose, ça course-poursuit en voiture dans les rues de Hong Kong, ça se prend la tête devant une bombe dont la minuterie s’égraine—peu de temps morts dans cette superproduction asiatique qui aurait mérité un traitement plus approfondi de ses personnages. Mais ne boudons pas notre plaisir quand notre cœur—et la pellicule—fait boum !


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- Article rédigé par : Claire Annovazzi

- Ses films préférés : Une Balle dans la Tête, Fight Club, La Grande Bouffe, Evil Dead, Mon Voisin Totoro


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