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Shrooms

Réalisateur de comédies dramatiques ou de « simples » comédies à l’instar de COUP DE PEIGNE sorti en France en 2001, l’irlandais Paddy Breathnach change de registre avec son sixième film, SHROOMS. Il semble d’ailleurs que l’expérience lui ai plu puisqu’il récidive l’année d’après avec un autre film d’horreur, FREAKDOG alias RED MIST.
Une bande de jeunes américains se rendent en Irlande dans le but de goûter aux fameux champignons hallucinogènes qui poussent dans ce coin du globe. Guidés par un jeune homme du coin, petit ami de l’une des américaines, le groupe s’enfonce dans une forêt sombre et dense pour y trouver les meilleurs cryptogames. Mais l’ambiance retombe très vite lorsqu’ils croisent d’abord un duo d’habitants des bois, deux frères aussi patibulaires que dégénérés et ensuite lorsqu’ils s’aperçoivent qu’ils se sont installés sur un territoire prétendument hanté par un ancien résidant du pensionnat voisin, devenu assassin sanguinaire après avoir subi les pires outrages. Un bon vieux trip leur fera-t-il oublier tout ça ? Rien n’est moins sûr…
Démarrant sur les bases d’une comédie pour teenagers malgré des comédiens ayant tous allégrement dépassé la vingtaine, SHROOMS parvient à faire sourire dès ses premières minutes grâce à des dialogues bien écrits. Mais quelques minutes plus tard, après une rencontre construite de manière à provoquer le frisson avec les fadas locaux, le film s’embourbe dès que les personnages se lancent dans ce qu’ils sont venus faire : planer. Dès lors, le réalisateur applique les codes les plus usités du slasher, en tentant de perdre le spectateur sur le mode de « ce qu’il se passe est-il réel ou n’est-ce que le résultat du trip ? ». Le problème, c’est que le spectateur finit vite par s’en ficher royalement, tant les personnages peinent à se développer, une fois passé un début prometteur. Les comédiens ont alors beau se démener, le scénario les empêche de tirer leurs rôles vers le haut et se font alors tour à tuer par un mystérieux assassin qui a tout l’air d’être celui de la légende locale…à moins que ça ne soit l’un de ces frangins issus de mariage consanguins et qui vivent dans les parages. La révélation se fera à la toute fin et, somme toute est de reconnaître que le twist est plutôt bien amené, son retournement relativement imprévisible. Le seul problème c’est qu’il arrive au bout d’une heure vingt qui parait en durer le double où aucun cliché ne sera épargné au spectateur et même pas dans l’optique d’en jouer. La joyeuse bande se fait donc mécaniquement éliminer pendant leurs trips qui sont à peu près aussi ennuyeux que de regarder un type saoul en proie à son delirium. Le tout est malheureusement tourné dans une lumière froide et déprimante qui, si elle se veut sans nul doute mystérieuse et onirique, ne fait que rajouter une distance émotionnelle, éloignant encore plus les personnages d’une quelconque identification. Au final, les meurtres ne sont pas inédits, les personnages ne sont pas attachants et leurs hallucination macabre et molle. Bref, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent dans ce SHROOMS et si le twist arrive presque à conclure le film de manière réjouissante, il le ferme sur un discours tellement convenu (la drogue, c’est dangereux) que le peu de sympathie que l’on pouvait ressentir s’envole aussi tôt.

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