Silent Hill 2 : Revelation 3D

Un texte signé Quentin Mazel

France/Canada - 2012 - Michael J. Bassett
Interprètes : Adelaide Clemens, Sean Bean, Kit Harington, Carrie-Anne Moss, Malcolm McDowell

C’est lors de la clôture de la deuxième édition du Paris International Fantastique Film Festival que SILENT HILL 2 : REVELATION 3D a été présenté en avant-première, à un public enthousiaste.
SILENT HILL 2, reprend la suite de l’histoire entamée par Christophe Gans, il y a cinq ans. Ainsi, la petite Sharon a maintenant dix-huit ans et malgré son retour à la réalité, l’ombre de Silent Hill plane encore au-dessus de sa tête. Poursuivis, par la secte de l’Ordre, elle et son père sont obligés de vivre cachés sous des identités différentes.
Pour cette suite, de l’adaptation du jeux-vidéo du même nom, c’est le réalisateur Michael J. Bassett qui s’y colle. La filmographie très hétérogène du monsieur, nous laisse entrevoir une capacité à réaliser le pire tel que SALOMON KANE ou des films beaucoup plus intéressants comme WILDERNESS. Ce SILENT HILL 2 : REVELATION 3D semble malheureusement appartenir à la première catégorie.

Mais, avant de rentrer dans le détail, attardons-nous quelques instants sur le casting. C’est la jeune Adelaide Clemens, qui tient ici le premier rôle. Loin de proposer une prestation irréprochable, elle semble croire profondément dans son personnage et se démène corps et âme dans son travail. Ainsi, malgré les quelques incohérences de son personnage, l’actrice se bat et on y croit. Son visage innocent et sa dévotion, sur un film qu’elle semble seule porter, attendrissent probablement un jugement trop critique. Jugement qui n’épargnera malheureusement pas le reste du casting, aussi prestigieux soit-il. Pour commencer c’est Sean Bean, qui semble totalement absent. L’acteur est pourtant doté d’un talent certain, mais il se contente ici, du minimum. Kit Harington, découvert dans la série GAME OF THRONES, qui a tendance à produire un jeu froid et distant, nous propose ici une interprétation vide, très loin de ses capacités. Ici, la seule sensation partagée est celle d’une récitation scolaire. On notera aussi la courte apparition de Malcolm McDowell qui, présent quelques minutes seulement à l’écran, n’a pas particulièrement le temps de construire quelque chose de vraiment pertinent.

Ne lésinons pas, ce dernier opus de Silent Hill est très insuffisant. C’est avant tout un scénario, dont la cohérence générale est très discutable, qui nuit largement à la qualité du film. Il propose, pour commencer, une liaison extrêmement bancale avec le premier volet mais c’est la sur-explication de celle-ci dans un très court laps de temps, qui rend ce rapprochement grotesque voir risible. Par la suite, le scénario général de ce SILENT HILL 2 : REVELATION 3D tend passablement vers le burlesque, en multipliant les twists et les révélations maladroites et sans réels intérêts. C’est plus particulièrement en proposant une intrigue frénétique, peu argumentée et surtout biscornue que le réalisateur égare complètement le spectateur, qui n’arrive jamais réellement à se projeter et à s’approprier le film. Perdant de vue, la plupart du temps, les enjeux des actions et des dénouements, on se retrouve à se demander simplement : « Mais que font-ils depuis le début ? »

Évidemment, la psychologie des personnages est fortement entachée par ces défauts scénaristiques. De ce fait, les actions et les comportements des personnages semblent caricaturaux ou aberrants. Plane alors la sensation que tous les rôles sont construits autour d’un principe dichotomique : force/faiblesse, amour/haine, douceur/brutalité… A première vue, cette construction peut sembler pertinente du fait des enjeux scénaristiques. Cependant, ce parti pris, si c’en est un, ne dépasse jamais la retranscription caricaturale et rend alors le métrage d’autant plus flou et incohérent. Ainsi, chaque personnage passe d’un comportement à un autre, à l’image d’un patient atteint de troubles bipolaires.

De plus, il est bien triste de constater, que Michael J. Bassett ait décidé, pour cet opus, de mettre de côté toute la dimension immersive et atmosphérique de l’univers de Silent Hill. Le précédent film, mis en scène par Christophe Gans, ne proposait pas une ambiance de premier plan mais celle-ci tenait cependant une part importante dans la mise en scène et le déroulement du film. Dans ce présent opus, les scènes s’enchaînent dans un déferlement d’actions accentué par un montage sec, limite grossier. Ainsi, les séquences se déroulent très vite, mais restent très lourdes et peu intéressantes. C’est cependant lorsque le spectateur remarque que chaque scène répond à un schéma narratif identique que la lourdeur se fait le plus ressentir. Ainsi, chaque séquence se voit attribuer un lieu précis, avec un but qui lui est propre et une conclusion qui répond, la plupart du temps, au but introductif de la séquence. Chaque scène se finit alors irrémédiablement par une ellipse. Le spectateur passe alors une bonne partie du métrage à se demander comment les personnages sont arrivés là. Les séquences semblent alors cloisonnées et avoir été pensées de façon parfaitement indépendante. Le spectateur assiste donc à un enchaînement d’actions et au déroulement d’une intrigue apparemment dénuée de toute logique.

C’est donc, dans le manque d’un liant tangible entre chaque séquence et d’une vision globale cohérente que le film fait défaut.
Graphiquement ce SILENT HILL 2 : REVELATION 3D, n’a rien d’une révélation. Quelques bonnes idées intéressantes parsèment le film. L’utilisation de la 3D est, par exemple, la bienvenue, les cendres tombant sur Silent Hill semblent ainsi envahir la salle. Cependant, c’est dans la surenchère des effets spéciaux que le film fait une erreur de jugement. Ainsi, le réalisateur tente le pari de réaliser quelque chose de « beau » sans jamais prendre le temps de produire une ambiance ou une atmosphère. Le spectateur ne peut alors que simplement constater l’étalage d’un savoir-faire technique sans réel intérêt.

Ainsi, SILENT HILL 2 : REVELATION 3D, s’avère être une amère déception, qui lorgne bien trop vers la franchise des RESIDENT EVIL. Incohérent et terne sont sûrement les deux adjectifs qui qualifieront le mieux le film. En somme, voici encore un exemple que l’argent et le soutien d’une grosse production ne font pas tout. On aurait ainsi sûrement voulu que ce SILENT HILL 2 : REVELATION 3D, soit plus sobre et un peu plus subtile. En somme, le cinéma n’a toujours pas livré son adaptation de l’univers vidéo ludique.


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- Article rédigé par : Quentin Mazel

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