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Silk

SILK nous vient de Taïwan, pays dont nous ne sommes pas habitués à traiter la production cinématographique. Chao-Bin Su, le réalisateur, n’en est pas pour autant un total inconnu. En effet, on lui doit le scénario du premier segment de THREE EXTREMES 2 (celui avec Eric Tsang) ainsi que celui de DOUBLE VISION, une coproduction avec Hong Kong dans laquelle on retrouvait David Morse et qui s’avérait plutôt sympathique (rappelez-vous le massacre gore dans la seconde partie).
Une équipe scientifique vient de réussir à prendre au piège un fantôme ! L’enfant, car il s’agit du spectre d’un garçonnet, est retenu enfermé dans une pièce grâce à une forme d’énergie qui, lorsqu’elle est répandue sur les murs, est capable de repousser le fantôme. Parmi les autres produits développés par les chercheurs, on trouve un spray qui permet à celui qui se l’applique sur les yeux de voir les revenants ! Lorsque l’on meurt, notre énergie dure encore quelques instants avant de s’évaporer. En ce qui concerne les fantômes, leur énergie perdure et ne s’évanouit pas. L’équipe de 4 scientifiques engagée par une entreprise privée cherche à découvrir ce qui permet à l’énergie de durer. Leurs recherches se focalisent sur cet enfant fantôme qu’ils sont parvenus à isoler. Afin de découvrir qui était ce garçon avant de mourir, un jeune enquêteur est recruté…
SILK est un film qui sent le compromis à plein nez. Cette histoire d’enquête au sujet d’un enfant fantôme n’a rien d’horrifique. Pourtant, le film ne peut s’empêcher de céder à la mode de RING et consorts et de nous livrer quelques passages qui n’ont pas lieu d’être dans ce film dont les premières intentions sont toutes autres. Du coup, les scènes d’effroi sentent faux. A quelques reprises, elles sombrent même carrément dans le ridicule.
En réalité, il faut chercher ailleurs le propos du film et plus particulièrement dans la quête des personnages impliqués dans l’histoire et leur relation avec la mort.
Le jeune détective qui mène l’enquête est tourmenté depuis plusieurs années par l’état de santé de sa mère. Dans le coma, elle n’a guère, voire à proprement parlé, plus aucune chance de s’en sortir. Les médecins lui suggèrent de la laisser « partir » mais il refuse cette éventualité ; il n’accepte pas de la perdre. Cet enfant qui est mort mais qui reste parmi les vivants pourrait peut-être lui donner des réponses et le laisser accepter le sort de sa mère. Parmi les scientifiques, la personne qui est à l’origine de l’expérience veut devenir un fantôme, abandonner son enveloppe charnelle pour ne plus ressentir les désagréments du quotidien. Quant à la raison pour laquelle un décédé devient un fantôme et ne se désagrège pas tout simplement dans l’atmosphère, est-ce la proximité d’une source d’énergie intense, l’amour ou la haine qui maintient son « existence » ?
SILK donne des pistes et surtout approfondit son sujet. Il en résulte un film riche que l’on peut appréhender sur plusieurs niveaux. Son cœur bat pour un Fantastique philosophique mais sans jamais sembler pédant ou sombrer dans un intellectualisme gratuit et inepte. Cependant, le film aurait sans doute gagné en cohérence en faisant l’impasse sur ces fameuses séquences de terreur avec lesquelles le réalisateur n’était vraiment pas à son aise.

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