retrospective

Simon King of the Witches

Simon Sinestrari est un jeune marginal qui s’est aménagé un territoire dans les égouts. Ses seuls biens tiennent dans un sac contenant son matériel de sorcellerie. Oui, Simon est un magicien, un vrai, pas un charlatan. Evidemment, la police le considère comme un hurluberlu. Un soir, il est arrêté pour vagabondage. Simon passe la nuit en prison, sans émettre la moindre protestation. Dans sa cellule, il fait la connaissance de Turk, un blondinet qui exerce quant à lui un tout autre métier, celui de gigolo. Les deux hommes sympathisent. Très vite, Turk est fasciné par le charisme et les pouvoirs que Simon prétend détenir. Désireux de voir son ami gravir les échelons dans la société, il l’invite à une réception organisée par Hercules Van Sant, riche oisif et personnalité influente au sein de l’élite intellectuelle de cette bourgade des Etats-Unis. Au cours de la soirée, le sorcier fait la connaissance de Linda, un joli brin de fille, de nature timide, et vers qui il se sent irrémédiablement attiré. Petit problème, elle est la fille de Willard Rackum, le district attorney. Mais les ennuis commencent véritablement lorsque Simon se fait refiler un chèque en bois de la part d’un client n’ayant pas pris au sérieux sa séance de tarot divinatoire. Il va alors prouver que ses pouvoirs sont bien réels, et qu’il n’est pas un vulgaire affabulateur.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, SIMON, KING OF THE WITCHES n’est pas un film médiéval, mais bel et bien contemporain. Etonnamment, la manière dont le réalisateur aborde la sorcellerie est complètement atypique, donnant à cette œuvre un côté foncièrement original, même si déroutant au premier abord. Le personnage de Simon est incroyablement riche. Marginal, SDF, il est à la fois extrêmement brillant, sympathique, bien qu’égocentrique (il caresse l’espoir d’être l’égal des Dieux) et terriblement rancunier, au point de lancer une malédiction fatale envers un type qui s’est moqué de lui et a payé ses services avec un chèque sans provision.
Simon monnaye ses talents uniquement envers les nantis, la classe supérieure, adoptant la même attitude qu’un charlatan. Il est par contre serviable et désintéressé envers ses proches, notamment Turk, des gens issus tout comme lui d’un milieu modeste. En cela, SIMON, KING OF THE WITCHES se rapproche plus de l’étude de mœurs que d’un film d’horreur. Bien sûr, l’élément fantastique est réellement présent, notamment dans la matérialisation des pouvoirs de Simon, et les effets qu’ils provoquent. Mais Bruce Kessler, le réalisateur, évite les codes du genre, ne craint pas de s’attarder sur la psychologie des personnages, et de parsemer son film d’un humour à froid qui fait mouche. Au final, on a une sorte de comédie noire plutôt satirique. Autre point renforçant l’aspect original de l’œuvre, la magie n’est pas abordée en fonction de rapports de force entre Dieu et Satan. Simon est un sorcier rattaché au polythéisme. Il invoque Aphrodite, Poséidon et les différents éléments, mais jamais Satan.
Au niveau de la distribution, on retiendra avant tout la brillante prestation d’Andrew Prine dans le rôle titre, acteur relativement méconnu qui a joué dans quelques œuvres notables telles NIGHTMARE CIRCUS, CRYPT OF THE LIVING DEAD et GRIZZLY. Notons également la présence de la française Isabelle Collin Dufresne qui, sous le nom d’Ultra Violet fut une égérie d’Andy Wharol, après avoir été une muse de Dali. Enfin, le metteur en scène Bruce Kessler, en dehors de deux séries B tournées en 1968 (ANGELS FROM HELL et KILLERS THREE), aura consacré l’essentiel de sa carrière pour la télévision.

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