Festival Européen du Films Fantastiquereview

Sint

Le Saint-Nicolas, et donc le Père Fouettard, ne sont pas des figures connues partout. Si, par exemple, dans l’est de la France, les enfants reçoivent toujours des chocolats le jour de sa fête, c’est tout juste si l’on connaît son nom en Bourgogne. En Hollande, cependant, il s’agit d’une institution surpassant presque Noël, chacun se faisant des cadeaux le 6 décembre accompagnés de poèmes. Mais ce que les habitants d’Amsterdam ignorent, c’est que le Saint-Nicolas existe vraiment et qu’il prend corps chaque fois que la lune est pleine un cinq décembre. Et ce Saint-Nicolas, bien loin du gentil bonhomme apportant des chocolats aux enfants sages, est en fait un évêque renégat zombie, descendant de son bateau fantôme accompagné par ses sanguinaires Pères Fouettards pour massacrer enfants et adultes (sages ou non) passant à sa portée.

Dick Maas est surtout connu pour un film, L’ASCENCEUR ! En effet, ce métrage, grand prix du défunt festival d’Avoriaz en 1984, est un classique du cinéma d’horreur. Les films qu’il a réalisés ensuite (AMSTERDAMNED et L’ASCENCEUR NIVEAU 2, entre autres) ne lui ont pas permis de renouer avec le succès. Cependant, son dernier opus pourrait faire parler de lui, de par son pitch aussi surprenant qu’intriguant. En effet, après que le Père Noël ait été mis en scène dans un film d’horreur il y a quelque temps, voici qu’arrive un terrifiant Saint-Nicolas zombie, créature aussi surprenante que faisant fantasmer l’amateur de monstres bizarres et de films décomplexés. Peut-être qu’un jour nous pourrons poser les yeux sur un slasher voyant le Lapin de Pâques massacrer de la pom-pom girl, armé d’une tronçonneuse, qui sait ?

Avec SINT, Dick Maas livre un divertissement horrifique aussi amusant que décomplexé. Il débute son histoire au Moyen Âge pour nous montrer la terrifiante réalité se cachant derrière la légende. Il dépeint un Saint-Nicolas despote et malsain, n’hésite pas à verser dans le gore pour démontrer qu’il est vraiment ici pour livrer un film d’horreur et qu’il n’entend pas atténuer la monstruosité de son boogeyman, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Ainsi, tout au long du métrage, les têtes volent et le sang est copieusement répandu.
Si, tourné dans la période actuelle, SINT semble prendre un tournant très slasher avec des héros jeunes, beaux et stupides, Dick Maas ne commet pas l’erreur d’un FREDDY CONTRE JASON en s’attachant trop aux personnages humains. En effet, il sait que le spectateur est là pour voir du Saint-Nicolas zombie et des Pères Fouettards (qui ressemblent à de sinistres et psychopathes corsaires) et ses personnages ne sont que des prétextes, des rouages pour faire progresser l’intrigue. Ainsi, le réalisateur les délaisse dès que possible pour filmer son monstre, fabuleusement charismatique. Il n’hésite pas le moins de monde à verser dans une certaine démesure, que ce soit avec du gore joliment outrancier ou avec des scènes on ne peut plus jouissives. À titre d’exemple, on peut citer cette course-poursuite entre le Saint-Nicolas, à cheval, cavalant de toit en toit, et la police fonçant à travers les rues enneigées de la capitale en canardant notre icône. Cette scène résume assez bien le film, qui se veut avant tout très plaisant.
Les effets spéciaux sont excellents et la mise en scène magnifie les nombreuses apparitions de Saint-Nicolas. Pour le reste, l’histoire est certes prévisible, et la manière dont est vaincu le monstre reste assez classique. Cela dit, le métrage parvient tout de même à se terminer sur une note ironique et surprenante, livrant au final un divertissement amusant, horrifique et sanglant des plus agréables. Et puis, ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir un Saint-Nicolas décapiter de l’adolescent à coup de crosse aiguisée.

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