Sisters of Death

Un texte signé Philippe Chouvel

Etats-Unis - 1977 - Joseph Mazzuca
Titres alternatifs : Death Trap
Interprètes : Arthur Franz, Claudia Jennings, Cheri Howell, Sherry Boucher, Paul Carr, Joe E. Tata

Etats-Unis, au début des années 1970. Une association d’étudiantes, sobrement appelée « The Sisters », s’apprête à initier deux nouvelles venues. Elles rejoindront leurs rangs si elles s’en montrent dignes, comme le veut la coutume. La dernière épreuve consiste à accepter une variante de la roulette russe, qui voit l’une des maîtresses de cérémonie appliquer un pistolet à double canon sur la tête de chaque participante. L’une des chambres du canon est vide, l’autre contient une balle. Evidemment, cette balle est à blanc, mais les deux jeunes femmes l’ignorent. La première passe ce test éprouvant pour les nerfs avec succès (Judy, interprétée par Claudia Jennings). Mais un drame se produit pour la seconde, Elizabeth, car, pour une raison inconnue, l’arme renfermait une vraie balle. Tirée à bout portant, la balle explose la tête de la malheureuse. Cette tragédie provoque la scission du groupe.
Sept ans plus tard, les cinq survivantes de cette fameuse soirée reçoivent chacune une lettre frappée du sceau de la confrérie, contenant une invitation pour fêter leurs retrouvailles, ainsi qu’une somme d’argent pour leurs frais de déplacement. Elles doivent se rendre dans une petite bourgade à la lisière du Mexique. A leur arrivée, elles sont prises en charge par deux individus qui ont été engagés pour les conduire au lieu de rendez-vous. Il s’agit d’une vaste hacienda perdue au cœur du désert, appartenant à un homme qui reste caché lorsque le groupe arrive. Malgré un cadre d’apparence idyllique et une pancarte de bienvenue, les cinq filles et les deux garçons (qui se sont imposés bien que n’étant pas invités) vont peu à peu réaliser que leur mystérieux hôte les tient prisonniers, grâce à une clôture électrifiée rendant impossible toute évasion. Mais que veut cet homme ?
Les films ayant pour thème une confrérie d’étudiantes ont connu pas mal de succès à une certaine époque, notamment dans les années 1980. Il faut dire que les maisons de sororité (du latin « soror » : sœur) sont une institution en Amérique du Nord depuis la seconde moitié du XIXème siècle, l’expression de la solidarité et de la fraternité entre femmes dans le cadre d’une organisation sociale. Il n’en fallait pas plus pour que ces groupes féminins deviennent un thème de prédilection du cinéma de genre, notamment du slasher. L’un des plus connus d’entre eux est « HOUSE ON SORORITY ROW », mais l’on pourrait citer aussi le « BLOOD SISTERS » de Roberta Findlay, ou encore le « GIRLS SCHOOL SCREAMERS » produit par la célèbre firme Troma.
« SISTERS OF DEATH », quant à lui, ne s’apparente pas au slasher. Il s’agit d’un huis-clos dont le sujet (une personne rassemble dans un endroit un groupe d’individus pour les éliminer, par vengeance) rappelle évidemment un classique de la littérature policière, à savoir « Dix petits nègres » d’Agatha Christie. Au niveau de la forme, l’œuvre hésite tout du long entre le téléfilm américain aseptisé et le film de genre typique des années 70 (sorti en 1977, « SISTERS OF DEATH » fut tourné en 1972). Cela est certainement dû au fait que le réalisateur, Joseph Mazzuca, fit l’essentiel de sa carrière en tant que producteur de séries télé, et que le casting mélange allègrement des vedettes de la télévision (Paul Carr, Joe E. Tata) et du cinéma bis (Arthur Franz, Claudia Jennings). Il en résulte donc un film hybride, inégal, qui pourra décevoir l’amateur de thrillers déviants, puisqu’aussi bien la violence que la nudité sont parfaitement éludées dans ce métrage. C’est d’autant plus dommage que « SISTERS OF DEATH » regorge de bien belles actrices, dont la plupart ne feront malheureusement pas une grande carrière dans le 7ème Art. Une exception cependant, avec la présence de la superbe Claudia Jennings, Playmate de l’année pour le magazine Playboy en 1970, et que l’on pourra voir dans bon nombre de séries B sympathiques par la suite, comme « DYNAMITE GIRLS », « LES MARAIS DE LA HAINE » ou « LES GLADIATEURS DE L’AN 3000 », ce qui lui vaudra son surnom de « Queen of the B’s ». Claudia Jennings mourra prématurément en 1979 dans un accident de voiture, à l’âge de vingt neuf ans, peu de temps après avoir tourné dans le « FAST COMPANY » de David Cronenberg.
Sa présence à l’écran est donc l’un des intérêts du film, avec celle d’Arthur Franz, qui fut dans les années 1950 un pilier du cinéma « psychotronique », dans quelques classiques comme « INVADERS FROM MARS » et « MONSTER ON THE CAMPUS ». Pour le reste, le film ne décolle que par moments, englué dans un scénario à la fois simpliste et incohérent, qui s’emballe dans le dernier quart d’heure, accumulant alors des coups de théâtre surprenants mais à la crédibilité douteuse. Néanmoins, même s’il s’avère frustrant pour le spectateur dans bien des domaines (meurtres hors-champs, et potentiel érotique réduit à néant), « SISTERS OF DEATH » reste une petite série B méritant le détour pour les quelques idées qu’il développe.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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