Slaughter in the Snow

Un texte signé Jérôme Pottier

Japon - 1973 - Ikehiro Kazuo
Interprètes : Yoshio Harada, Isao Natsuyagi, Yasuda Michiyo

Jokichi sur la piste du dernier assassin de sa famille encore vivant rencontre un bien étrange lanceur de couteaux tuberculeux. Ils deviennent amis et cela alors que leur affrontement paraît inévitable…
Dernière aventure de Jokichi, SLAUGHTER IN THE SNOW débute encore par le même générique que les deux premiers, comme si notre anti-héros ne faisait que tourner en rond, vivre un sempiternel chemin de croix. Ce long métrage se singularise par un scénario qui n’est pas sans rappeler le grandissime western de Sergio Sollima, LE DERNIER FACE À FACE (1967). Dans ce chef-d’œuvre Gian-Maria Volonte, un instituteur tuberculeux, tombait en admiration devant le personnage de voyou anarchiste campé par l’extraordinaire Thomas Milian pour ensuite le dépasser en cruauté (et vice-versa)… Thomas Milian qui fut révélé par Sollima dans le rôle de Cuchillo, le Péon lanceur de poignards (COLORADO en 1966, SALUDOS HOMBRE en 1968),voilà qui fait beaucoup de coïncidences pour un seul scénario !
Dans ce troisième volet de la MIKOGAMI TRILOGY, en plus de la vengeance finale s’ajoute donc cette relation entre ce lanceur de couteaux malade et Jokichi, ces deux guerriers frères de lame qui vont devenir ennemis. Mais les dés sont pipés dès le départ car, à l’image de YOJIMBO, le personnage interprété par le charismatique Isao Natsuyagi est un mercenaire au double jeu. Il avoue rapidement être payé pour éliminer Jokichi, toujours interprété par Yoshio Harada. Néanmoins, nos deux valeureux combattants cohabitent longuement avant de s’expliquer par les armes ; Jokichi trouvant en ce jeune garçon son alter ego, au contraire du yakuza borgne des deux premiers chapitres. Tout comme Jokichi, il est débraillé. Et si l’un à une chevelure grasse et fournie l’autre arbore perpétuellement une barbe de trois jours. Tout comme Jokichi, il accomplit son sinistre destin pour une femme qu’il aime. Tout comme Jokichi, il est déjà mort. La différence entre ces deux « zombies » et que, justement, la femme que le mercenaire poursuit de son amour n’est pas morte, elle constitue son talon d’Achille !
Cette femme qui l’a aimé autrefois est aujourd’hui méprisante à son égard (elle conduira toutefois Jokichi au dernier chef de clan qu’il recherche), alors qu’une autre qui lui est toute dévouée se voit ignorée. C’est lorsque l’on s’en prendra à cette dernière que ressurgira l’impitoyable Jokichi vengeur…et le massacre dans la neige aura bien lieu. A l’image de GOYOKIN (qui comptait également Isao Natsuyagi dans sa distribution), le final est largement emprunté au GRAND SILENCE (1968), autre chef-d’œuvre du western transalpin signé Sergio Corbucci. Les cinéastes japonais reprennent leur dû, tant le western Italien les a pillés. Peut-on leur en vouloir ? Pas dans le cas présent. Ikehiro Kazuo clôture dignement sa trilogie, dont il est d’ailleurs fort difficile d’extraire un film en particulier, tant les trois forment un tout homogène. En réunissant le minéral, le végétal, l’aquatique et la neige accompagnée du vent, le metteur en scène perpétue la tradition naturaliste des plus grands chambara. Il y adjoint par petites touches un côté « fun » propre au cinéma d’exploitation (on est toutefois loin des excès d’HANZO THE RAZOR de Kenji Misumi sorti la même année), et c’est peut être là que cette trilogie fait la différence. A mi-chemin entre le classicisme et l’exubérance, la trilogie MIKOGAMI est donc chaudement recommandée à ceux qui apprécient les films de sabre japonais.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Jérôme Pottier

- Ses films préférés :

Share via
Copy link