Small town folk

Un texte signé Nassim Ben Allal

SMALL TOWN FOLK est vraiment le bébé de son instigateur. En effet, le jeune réalisateur Peter Stanley Ward cumule pas moins de dix postes différents derrière la caméra. Tour à tour co-scénariste, chef opérateur, directeur des effets spéciaux et même chauffeur, il livre un premier long sincère et généreux à défaut d’être totalement abouti.
Quelque part dans la campagne anglaise, le petit village de Grockleton est dominé par un étrange manoir, appartenant au non moins étrange Lord Beesley. Obsédé par l’idée de se donner un descendant, ce noble Beesley est à la tête d’une petite milice de psychopathes dégénérés qui arpentent pour lui les environs, à la recherche d’une femme à féconder. Et lorsque trois jeunes voyageurs, dont une femme enceinte, pénètrent ses terres, le Lord lance à leurs trousses sa troupe pour les capturer…
SMALL TOWN FOLK a, à priori, tous les attributs du « film de pote »…et il s’avère que c’est bien le cas ! Tourné façon BAD TASTE de Peter Jackson, à savoir sur une durée de quatre ans par une bande de copains très motivés, et financé par ces comédiens à hauteur de seulement 4000 livres, SMALL TOWN FOLK n’a, toutes proportions gardées, pas à rougir de la comparaison.
Conte sombre à l’esthétique très travaillée convoquant aussi bien l’univers de Tim Burton que celui de SIN CITY et ses décors numériques, le film de Peter Stanley Ward (et dans lequel son frère Simon joue l’un des rôles principaux) s’amuse avec les codes et conventions du genre, proposant ainsi de nouvelles variations autour d’une thématique somme toute banale de survival. Vive et rythmée, l’histoire baigne dans un univers à l’onirisme trouble, aux frontières du réalisme et de l’imaginaire, propice à de nombreux débordements sans pour autant cesser d’être crédible. Et crédible, cette entreprise l’est vraiment, à commencer par les capacités de son maître d’œuvre à concevoir une œuvre originale qui parvient à éviter les écueils des films fauchés semi voire complètement amateurs. Bien entendu, SMALL TOWN FOLK ne cherche pas à rivaliser avec un quelconque blockbuster, mais au vu du résultat final force est de constater que le métrage n’a aucun problème à empiéter sur le territoire du direct-to-dvd d’horreur, avec en plus une réelle originalité visuelle. Celle-ci, vraisemblablement orchestrée avec des moyens grands publics intelligemment utilisés, contribue au capital sympathie du film, auquel vient se greffer une auto-dérision de la part de comédiens pour la plupart non-professionnels (mis à part Warwick Davis dans un petit rôle et pour une fois à visage découvert), conscient de la limite de leur jeu.
Au final, SMALL TOWN FOLK est un petit film au sens noble du terme, fauché mais soigné, parfois handicapé par le manque d’expérience de son équipe mais compensé par une originalité et une telle volonté de bien faire que l’on ne peut qu’apprécier la tentative.
Pour la faire courte, vivement le prochain opus de la fine équipe !