Snake Dancer

Un texte signé Philippe Chouvel

USA - 2006 - Dirk DeVilliers
Interprètes : Glenda Kemp, Peter Elliott, Wilson Dunster, Bruce Millar, Christine Basson, Heidi Zonneveld, Avlon Dudley

Voici donc l’histoire de Glenda Kemp, qui interprète son propre rôle dans le film, une jeune femme qui est devenue célèbre grâce à des shows érotiques, mêlant la danse et le striptease, et avec un python pour partenaire !
SNAKE DANCER raconte la vie d’une femme qui a dû batailler ferme pour faire de sa passion un métier, dans un pays (l’Afrique du Sud) où sévissait non seulement le régime de l’apartheid, mais où de nombreuses formes de loisirs et de pratiques étaient aussi prohibées.
Glenda est issue d’une famille de chrétiens qui, s’ils ne sont pas complètement intégristes, n’en sont pas moins sévères. Elle est finalement confiée à une famille d’accueil. Peu à peu, La petite fille développe une passion pour les serpents et la danse. Ses parents adoptifs l’inscrivent à des cours classiques. Les années passent, et Glenda poursuit des études pour devenir enseignante, et obtient d’ailleurs son diplôme.
Mais son destin va basculer un soir, lors d’une virée nocturne avec des copines dans un night-club. Elle y découvre l’univers des « go-go dancers », ces jeunes femmes se trémoussant en maillot de bain dans des cages, au son de musiques psychédéliques (nous sommes au début des années 70). Subjuguée, Glenda se livre à une exhibition endiablée, une démonstration si convaincante qu’elle ne manque pas d’attirer l’attention du propriétaire de la boite de nuit, qui lui propose illico un contrat.
Ainsi Glenda commence-t-elle à exécuter des numéros de danse exotique dans les bars et night-clubs de Capetown. Un job qui la rend heureuse (la danse est pour elle une forme d’exutoire, une manière de se désinhiber et de se décomplexer), mais qui ne plait pas à une bonne partie de son entourage : ses parents adoptifs, d’abord, qui tiennent à ce qu’elle devienne enseignante ; et son petit ami, ensuite, qui voit d’un mauvais œil les déhanchements lascifs de sa fiancée en public.
Qu’importe, plutôt que d’abandonner, Glenda poursuit ses activités dans des clubs privés. Son frère (plus exactement le fils de ses parents adoptifs) va lui faire un beau cadeau en lui offrant un python qu’il a dérobé dans un zoo. Très vite, le reptile va devenir partie intégrante des shows de Glenda, suscitant un mélange de crainte et de fascination au sein des spectateurs. Mais quelque temps plus tard, son patron lui conseille de faire des numéros plus osés pour une certaine partie de sa clientèle. Il suggère à Glenda des spectacles de danse mêlée à du striptease s’achevant en nu intégral. La jeune femme refuse, mais apprenant ensuite que son frère a contracté d’importantes dettes de jeu au près d’individus peu recommandables, finit par accepter… et par prendre goût à ces performances mêlant judicieusement l’art et l’érotisme.
Assurément, SNAKE DANCER est un film atypique, et l’éditeur Mondo Macabro a encore une fois le mérite de nous proposer une rareté, réalisée en 1976 par Dirk DeVilliers, un metteur en scène quasi-inconnu ayant une demi-douzaine de films à son actif, dont LA DIOSA VIRGEN (THE VIRGIN GODDESS, 1973), remake érotique de SHE (roman de Ridder Haggar) avec la sulfureuse Isabel Sarli.
Certes, le film comporte bien des défauts. Il souffre notamment d’une structure narrative déficiente, laissant au spectateur le sentiment d’assister plus à une succession de saynètes qu’à un véritable film. Plus étrange, la fin du film est parfaitement incongrue dans la mesure où DeVilliers s’est autorisé un coup de théâtre prenant à contrepied l’histoire de Glenda Kemp.
Mais peu importe, le film vaut le détour, ne serait-ce que pour l’interprétation de Glenda, qui parvient à se muer en actrice talentueuse avec une aisance naturelle. Tout amateur des années 70 sera ravi par la bande musicale très psychédélique et les numéros de Glenda, dévoilant autant ses charmes que son talent dans des shows « chauds », dont un très suggestif avec son python évoquant fortement l’acte sexuel.
On peut aussi voir dans ce film la lutte d’une femme pour défendre un art qui déclenchait à l’époque l’hostilité des autorités, qui avaient qualifié les spectacles de Glenda Kemp d’actes immoraux. En quelque sorte, Glenda symbolise le combat pour la liberté d’expression et la rupture de certains tabous.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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