Soirée hommage à Franco Nero

Un texte signé Alexandre Lecouffe

L’Etrange Festival rendait donc un hommage au grand acteur italien Franco Nero qui vint présenter les deux films proposés pour cette soirée (le thriller LA PROIE DE L’AUTO STOP de Pasquale Festa-Campanile et le western LE TEMPS DU MASSACRE de Lucio Fulci dans une copie rare en 35 mm) et se prêter au jeu d’un petit Q&A avec le public parisien (soit une salle pleine d’environ 300 places). Si le comédien est plus que populaire auprès des amateurs de cinéma bis, notamment pour ses personnages emblématiques du western italien, il reste assez méconnu du grand public alors que sa carrière a souvent alterné films de genre et cinéma d’auteur (bien qu’il ait plus rarement tenu le rôle principal dans cette seconde catégorie). Franco Nero a donc rappelé aux cinéphiles présents qu’à l’époque où il triomphait en Italie avec ses premiers westerns (DJANGO de Sergio Corbucci en 1966, certainement son personnage le plus iconique et le plus représentatif de cette période), il joua également aux Etats-Unis, sous la direction de John Huston (un petit rôle dans LA BIBLE, 1966) ou de Joshua Logan (dans CAMELOT, 1967, il est Lancelot du Lac aux côtés de Vanessa Redgrave qu’il épousera peu après). L’acteur a donc mis l’accent dans ses réponses sur le fait qu’il avait toujours essayé d’étendre et de varier son apparence physique et ses compositions, passant de celle d’un héros quasi-christique de western italien (le génial KEOMA de Enzo G. Castellari, 1976) à celle d’un bellâtre plutôt lâche (il est l’amant de Catherine Deneuve dans TRISTANA de Luis Bunuel, 1970), de celle d’un journaliste raté et veule (LA PROIE DE L’AUTO STOP que les spectateurs purent apprécier malgré une projection en Beta) à celle d’un dangereux trafiquant de drogue (DIE HARD 2 de Renny Harlin,1990). Non sans humour, Franco Nero a avoué que sa pratique limitée de l’anglais lui avait sûrement valu de ne pas devenir une « star » aux Etats-Unis et qu’il se démenait parfois pour obtenir le rôle d’un personnage mutique (il perdit à pile ou face contre Anthony Quinn et dut interpréter le bavard du duo dans LOS AMIGOS de Paolo Cavara, 1973 tandis que l’acteur américain qui deviendra son « père spirituel » dans la vraie vie, jouera un sourd-muet…). Par ailleurs, il rappela que le rôle de Silence dans LE GRAND SILENCE de Sergio Corbucci (1968) lui avait été proposé et qu’il avait dû le refuser pour des raisons de planning, ce qui ne l’a pas empêché de retravailler avec Sergio Corbucci LE MERCENAIRE, 1968 ; COMPANEROS, 1970), réalisateur avec qui l’osmose était parfaite. Peu de mots en bien ou en mal concernant Lucio Fulci en revanche, avec qui Franco Nero a pourtant travaillé à plusieurs reprises (LE TEMPS DU MASSACRE mais aussi les deux « films pour enfants » CROC-BLANC et le retour de CROC BLANC en 1973-74). Au final, l’acteur remercie son collègue et mentor Laurence Olivier pour lui avoir donné un conseil avisé qu’il suivra à la lettre tout au long de sa prolifique carrière : ne pas se contenter de jouer le beau héros aux yeux bleus et au physique avantageux mais de toujours prendre des risques en multipliant les genres, les rôles et les apparences physiques. Avec humour encore, l’acteur a affirmé être le recordman du monde pour la diversité des nationalités qu’il a endossées en tant que comédien et que ce métier a toujours été pour lui une source d’émerveillement.


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- Article rédigé par : Alexandre Lecouffe

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