SPIDER WEB

Un texte signé Stéphane Pretceille

USA - 2007 - Terry Winsor
Interprètes : Lance Henriksen, Emma Catherwookd, Lisa Livingstone

Un groupe de touristes randonne gentiment dans une forêt en Inde. Dans la nuit, l’une des femmes est mordue au cou par une araignée. La morsure est vilaine, la victime perd connaissance. L’un des hommes de l’équipe a entendu parler d’un village proche de leur campement, village où officie un médecin blanc. Le hasard faisant bien les choses, les randonneurs s’y dirigent aussitôt. Une fois arrivés au village, la foule les entoure rapidement, les regardant au mieux avec curiosité, au pire avec hostilité. Là, un homme blanc sort de sa hutte, hutte qui a la particularité d’être en forme d’araignée, et c’est le fameux médecin. Il prend aussitôt en charge la jeune femme toujours inconsciente et il sort de ses étagères une araignée toute velue, ponctionne son venin et l’injecte à la victime au grand dam de ses amis qui n’y comprennent plus rien. Le docteur leur explique que le venin et l’antidote des arachnides ne font qu’un !! Pas plus rassurés que ça, les randonneurs décident de se séparer en deux groupes, trois d’entre eux iront à la ville chercher des secours et une aide médicale et les autres resteront pour veiller sur leur amie. Plus tard, cette dernière étant toujours comateuse, les randonneurs décident d’aller visiter l’attractivité du village, une grotte au flanc de la montagne. Leur excursion dans les dédales obscurs va vite se transformer en cauchemar arachnéen.

Des films avec de grosses araignées velues qui attaquent tout ce qui bouge, il n’y en a pas tant que ça. A part ARACHNOPHOBIE de Franck Marshall et quelques films bis, série B et Z, le film d’horreur reposant uniquement sur la bébête à 8 pattes reste relativement anecdotique dans le paysage animalier. Il convient d’excepter Lucio FULCI qui, dans L’AU-DELA, avait atteint les sommets avec cette araignée dévorant tranquillement le visage d’un personnage. On n’a jamais fait mieux depuis ! Ainsi, loin d’une telle tension horrifique, dans SPIDER WEB, l’araignée est servie en guise de hors-d’œuvre, d’apéritif, de mise en bouche. Il faut bien l’avouer, elle n’est malheureusement qu’un prétexte à l’histoire. En effet, l’horreur n’est pas axée sur la cruauté toute naturelle de l’arachnide, non, le monstre n’est qu’un trompe-l’œil, un leurre pour manipuler et cacher aux yeux des indigènes et des autorités l’activité sordide de l’homme blanc. Il ne faudra pas non plus s’attendre à une attaque d’araignée géante, il n’y a là aucun rapport avec le dernier volet du SEIGNEUR DES ANNEAUX. Les araignées arborent leur taille normale. En revanche, ce qui l’est moins, c’est la taille gigantesque de cocons et la vitesse avec laquelle ces vilaines bêtes ficèlent leurs victimes.

En ce qui concerne le traitement, il est possible que le spectateur reste sur sa faim. En effet, parce que les personnages s’avèrent à peine ébauchés, il est difficile de se sentir impliqués par ce qu’il leur arrive. Dans le rôle du docteur taciturne, le vétéran Lance Henriksen déçoit par sa prestation. Il semble être là pour le cachet et le nom à l’affiche. Et puis, l’action se déroulant en Inde, le réalisateur a dû se démener pour louer quelques éléphants afin de respecter le folklore mais c’est maladroit. En fait, le principal souci de ce long métrage est l’apparent manque de conviction du metteur en scène. Le rendu ressemble à ces téléfilms produits par Disney. La photographie surexpose toutes les scènes. Elle neutralise ainsi tous les coins d’ombre de la grotte. Tout est trop propre, trop éclairé, trop formaté. Ça manque de grain, de chair. La grotte fait malencontreusement trop carton-pâte et cette lumière cruellement crue ne ménage aucun suspense, aucune anxiété. On s’est égaré dans une production industrielle qui manque de substance, d’âme. Et pourtant, l’histoire n’est pas trop mal tricotée, les acteurs font de leur mieux, le budget du film semble plutôt confortable à la vue des décors, des figurants et des quelques effets rendus par les images de synthèse.

Mais le comble pour ce film jouant sur la peur des araignées est qu’il finit par vous réconcilier avec ces dernières. Bien loin la forte appréhension à chaque apparition des monstres, à la place, le spectateur arbore un léger sourire amusé. Cependant, la narration est suffisamment accrocheuse pour donner envie de voir comment tout ceci va se terminer, comment les petits jeunes vont se sortir de ce traquenard arachnéen. Finalement, c’est comme si ce métrage se voulait un spectacle tout public, familial, lisse avec ses couleurs chatoyantes de l’Inde, ses acteurs jeunes et beaux tout droit sortis d’une sitcom. Ça se veut comme même un film d’horreur à l’origine !


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- Article rédigé par : Stéphane Pretceille

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