Spiders 3D

Un texte signé Philippe Delvaux

USA - 2012 - Tibor Takacs
Titres alternatifs : Spider City
Interprètes : William Hope, Shelly Varod, Brian Hankey

Un fragment de météorite s’en vient percuter une station orbitale, provoquant sa rentrée et sa désintégration dans l’atmosphère terrestre… à l’exception de quelques débris qui auront le mauvais gout de venir s’écraser dans une rue de New York, creusant un petit cratère… jusqu’à une station de métro. Plus de peur que de mal se disent les autorités qui s’empressent de déblayer pour rétablir au plus vite le trafic souterrain. Ce serait sans compter sur une mygale qui émerge du tas de ferraille et s’en vient mordre un employé de maintenance. Mais que faisait donc une mygale dans une station orbitale ? Jason, responsable de l’organisation du métro, n’aura guère le temps de se poser la question car l’armée débarque et boucle le quartier où vit sa famille. En outre, notre arachnide grossit à vue d’œil, aménage un nid douillet tout de soie tissé et pond une descendance nombreuse ayant hérité du gigantisme maternel. Il s’avère vite que le colonel Jenkins et le docteur Darnoff ont d’autres intérêts que la protection de la population, et que l’élimination de témoins gênants, du genre Jason, est à l’ordre du jour.

Programmé au 31e Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF), Spiders est un plaisir coupable… qui ne peut guère s’apprécier ailleurs qu’en compagnie du public survolté et prompt à vanner les séries Z.

Disons le tout de go, Spiders est un navet d’envergure.
Au vu du CV de son réalisateur, le calamiteux Tibor Takacs, ce n’est guère étonnant. L’homme est déjà responsable de KRAKEN (chroniqué avec indulgence sur Sueurs Froides), de MANSQUITO, de RATS (à ce titre, guettez la réplique du héros découvrant les arraignées : « now, we won’t be complaining about rats anymore »… autocritique du scénariste ?) ou encore de MEGA SNAKE, tous en vente dans votre plus proche solderie. Cet artisan fétichiste des bébêtes belliqueuses, guère inspiré et œuvrant principalement pour la télévision, rempile donc avec une histoire d’araignées géantes et de méchants scientifiques… tout comme son ICE SPIDER de 2007, déjà passablement nul, déjà avec Patrick Muldoon.

Dans le rôle du héros, ce dernier le dispute à un porte-manteau quant au talent dramatique. Mais à dire vrai, il n’est guère un seul membre du casting à qui on reconnaitrait la qualité d’acteur. A leur décharge, il faut bien relever la médiocrité absolue d’un script enquillant avec une rare audace absolument tous les clichés – surtout les plus éculés – du cinéma d’action bas de gamme. La direction d’acteurs a pris le large, cela va sans dire.

Et pourtant, ce qui s’annonce comme un désastre total se laisse regarder – pour peu qu’on accepte dès l’abord le côté nanar de la chose -. On devine tout ce qui va se passer certes, mais on rigole aussi de bon cœur de la bêtise du résultat. Et à défaut de talent, SPIDERS est réalisé avec métier. Avec quelques bières, l’ensemble nous fait presque passer le temps.

Pour nous y aider, la production a opté pour une 3D qui participe pleinement de l’ambiance foraine du produit. La direction artistique appuie sur le côté carton-pâte, que ce soit pour les décors ou pour l’animation des araignées. Et c’est ce côté décalé qui peut emporter l’adhésion.

A y regarder de plus près, c’est à un voyage dans le temps que nous convie Tibor Takacs. Le tout est de déterminer le côté volontaire du trip. En effet, l’équation « 3D + bestioles + navet SF » nous ramène vite à ces productions désargentées de la fin des années ’50, à l’époque de la guerre froide, lorsque la peur du nucléaire et du méchant communiste s’incarnait dans des films d’insectes agressifs, souvent flanqués du savant fou de rigueur. Ici, le docteur est bien entendu un ancien du bloc de l’est, passé aux Etats Unis après la chute du communisme, et qui va enfin pouvoir reprendre ses travaux. Car oui, au risque de dévoiler l’insoutenable suspense, il y a bien eu une manigance de ces sales rouges pour créer des super-araignées. Le scénariste n’hésite pas à en faire des tonnes : les araignées avaient été clonées en orbite avec de l’ADN d’un alien trouvé dans un débris de vaisseau spatial écrasé en Sibérie. Sérieux les gars ?

L’autre référence est à chercher du côté des Kaiju Eiga japonais. Bien qu’animées par images de synthèse, les araignées, et plus particulièrement leur reine gigantesque, ne sont pas sans rappeler les GODZILLA, tant par leur démarche rappelant les poupées animées ou les acteurs en costume de latex que par l’inévitable attaque de la ville opposant les monstres à une armée impuissante.

On l’a dit, Patrick Muldoon avait déjà tâté de l’araignée avec ICE SPIDER. Mais à bien y regarder, son seul titre de gloire se résume à sa participation à l’aventure STARSHIP TROOPERS de Paul Verhoeven. Déjà de l’insecte extra-terrestre à dégommer, donc. Christa Campbell nous offre l’indispensable présence féminine. Habituée du cinéma de Takacs, elle a aussi joué dans quelques films fantastiques (on parle du genre, pas du résultat) : DAY OF THE DEAD, 2001 MANIACS, THE WICKER MAN… pas pour les originaux mais pour leur remake, et seulement pour de petits rôles.

SPIDERS est une production Nu Image, employeur régulier de Tibor Takacs. Cette compagnie se souvient donc qu’avant les EXPENDABLES et le remake de CONAN ou celui – plus récent et également au BIFFF – de TEXAS CHAINSAW MASSACRE 3D, il fut un temps où elle vivotait d’innombrables films de bestioles dangereuses… dont SPIDERS (2000) et SPIDERS II (2001), dont ce SPIDERS 3D est une nouvelle itération.

Pas besoin d’en dire davantage. Vous aurez compris que SPIDERS est un navet, mais que comme indiqué, pris comme tel, il peut se révéler distrayant comme film de fin de soirée.

– “Dis Chérie, si on se faisait une ‘petite toile’ ce soir?”

Retrouvez notre couverture du 31ème Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF).


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- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés : Marquis, C’est Arrivé Près De Chez Vous, Princesse Mononoke, Sacré Graal, Conan le Barbare


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