Spirits

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Vietnam, USA - 2004 - Victor Wu
Titres alternatifs : Oan Hồn
Interprètes : Catherine Thuy Ai, Tuan Cuong, Kathleen Luong, Michael Minh

Après une bonne décennie dominée par les films de fantômes asiatiques que peut demander le peuple ? Un nouveau film de fantôme asiatique…Non ! Mieux ! Trois films de fantômes en un seul ! Production originaire du Viet-Nam (pour varier un peu les plaisirs) SPIRITS renoue en effet avec la mode du long-métrage à sketches, très populaire au début des années 70 avec les titres sortis par la Amicus (HISTOIRES D’OUTRE-TOMBE et consort) et plus tard au début des années 80 (avec CREEPSHOW et ses dérivés).
L’histoire de SPIRITS suit les pas d’un écrivain débutant (« les livres que j’aime ne se vendent pas ») nommé Loc et se divise en trois segments. Dans le premier (« Le Visiteur »), Loc échoue dans une maison isolée où il rencontre une belle jeune femme qui ne semble habiter là que durant la nuit. Le second sketch (« L’Enfant Unique ») s’intéresse toujours à Loc devenu un auteur de best-sellers réputés mais nous fait également découvrir sa nouvelle épouse, Linh, qui cache elle-aussi un secret. Le dernier volet (« La Devineresse ») nous présente une voyante adepte du Feng Shui qui vient aider Loc à débarrasser sa maison des influences surnaturelles.
SPIRITS obéit donc aux conventions du film à sketches en reliant ces trois intrigues, ici par le biais d’un personnage récurrent vu à trois étapes de son existence (jeune débutant, écrivain connu et ermite retiré du monde). Toutes les intrigues se déroulent également dans la même demeure maudite mais, hélas, elles sont peu convaincantes. Le premier problème de SPIRITS est d’ailleurs de se baser sur des scénarios convenus et peu imaginatifs dont les « chutes » se révèlent en outre aussi prévisibles que peu convaincantes. Pour ne rien arranger chaque segment se traîne de manière très pénible et il devient dès lors difficile de ne pas user de l’accéléré, d’autant qu’en double vitesse le métrage trouve presque une vitesse « normale ». Victor Hu tente en outre de boucler son intrigue globale par une révélation fracassante mais celle-ci apparaît évidente dès le départ et tombe complètement à plat. Difficile d’en dire plus sans dénaturer davantage le final mais disons qu’en plus on y retrouve la forte influence d’un métrage hollywoodien à succès de la fin des années 90 !
Au niveau de la mise en scène, Victor Hu use de procédés éculés, en particuliers dans le premier sketch au cours duquel il ne peut s’empêcher de suivre son personnage principal déambulant une lampe à la main alors qu’une silhouette fantomatique traverse rapidement l’écran à grands renforts de musique censément terrifiante. Les interprètes sont heureusement plutôt crédibles, en particulier
Malheureusement la censure vietnamienne a probablement pesé de tout son poids sur l’entreprise et les coutumiers de l’épouvante risquent de trouver SPIRITS fort peu effrayant pour ne pas dire plutôt pelant. Reconnaissons toutefois que la photographie, les décors et le look général du métrage s’avèrent soignés pour un budget si modeste. Dommage pourtant que Victor Hu ne montre pas vraiment son savoir-faire en s’embourbant dans une réalisation plan-plan encore desservie par un rythme défaillant et un montage languissant.
Le plus intéressant dans SPIRITS reste surement son identité asiatique, le métrage nous éclairant ainsi sur les croyances existant au Viet-Nam (les exorcismes, les devins, l’argent brûlé pour apaiser les âmes des défunts). Le karma y est également pris très au sérieux et le film tente de nous convaincre de son existence, ainsi que de l’influence de nos actes, bons ou mauvais, sur nos vies et réincarnations. Que l’on croit ou pas à ces inepties (euh pardon à ces systèmes de pensées!) l’intérêt sociologique de SPIRITS n’est donc pas à négliger. Heureusement d’ailleurs car c’est à peu près le seul !
En résumé, SPIRITS est une œuvre plus intéressantes d’un point de vue culturelle que cinématographique et il n’est pas interdit de s’y ennuyer poliment.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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